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Charles Pasqua, ex-premier flic de France à la réputation sulfureuse

Pilier de la famille gaulliste et parrain politique de Jacques Chirac, Charles Pasqua, décédé lundi à 88 ans, a marqué la vie politique française durant des décennies, accompagné d’une réputation sulfureuse.

Méridional, jouant de sa faconde pour séduire son public, l’ancien ministre de l’Intérieur, ex-sénateur des Hauts-de-Seine (apparenté UMP), qui a mis un terme à sa carrière politique en 2011, recelait une part d’ombre liée à ses activités au sein de services d’ordre parallèles, ses réseaux africains et ses démêlés judiciaires.

Cité dans une dizaine d’affaires (financement politique, vente d’armes à l’Angola), il avait été condamné définitivement en 2010 dans deux dossiers: à 18 mois de prison avec sursis pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999, via la vente du casino d’Annemasse (Haute-Savoie), et à un an avec sursis par la Cour de justice de la République (CJR) dans l’affaire des détournements de fonds au préjudice de la Sofremi (exportation de matériel de sécurité).

Il avait eu son dernier grand rendez-vous judiciaire, en mai dernier, avec le procès en appel de détournement de fonds publics dans la fondation d’art Hamon.

AFP/AFP/Archives - Le ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, le 16 octobre 1986, lors du congrès de la FASP (Fédération autonome des syndicats de police) au Bourget
AFP/AFP/Archives – Le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, le 16 octobre 1986, lors du congrès de la FASP (Fédération autonome des syndicats de police) au Bourget

Du Service d’action civique (SAC), sorte de police secrète créée à la fin des années 1950, au ministère de l’Intérieur où il a officié deux fois (1986-88 et 1993-95), son parcours était placé sous le signe du maintien de l’ordre.

Il a laissé son nom à une législation restreignant le droit d’asile en juin 1993, a présidé à l’arrestation des membres d’Action directe en 1987, du terroriste Carlos en août 1994, ainsi qu’à la « neutralisation » en décembre 1994 sur l’aéroport de Marseille d’un commando qui avait détourné un Airbus parti d’Alger.

Charles Pasqua s’est également illustré, avec l’aide de son ami Jean-Charles Marchiani, dans la libération des otages français du Liban en 1988, ainsi que dans celle, en 1995, des pilotes français capturés en Bosnie, sans qu’en aient été clairement élucidées les modalités et conditions.

– ‘terroriser les terroristes’ –

En 1986, alors qu’il est ministre de l’Intérieur, un jeune homme d’origine marocaine, Malik Oussekine, meurt sous les coups de la police pendant une manifestation étudiante à Paris, suscitant une vive émotion dans le pays.

Il marquera ses deux passages place Beauvau de son empreinte, usant de formules chocs comme « il faut terroriser les terroristes » ou « la démocratie s’arrête là où commence l’intérêt de l’Etat ».

En politique, il a passé une bonne partie de sa vie à agir dans l’ombre d’un chef. Entré à 16 ans dans la Résistance, il suit le général de Gaulle. Elu député pour la première fois en 1968, il fonde avec Jacques Chirac le RPR en 1976. Mais, à la présidentielle de 1995, il prendra le parti d’Edouard Balladur contre l’ex-maire de Paris, ce qui donnera un coup d’arrêt à sa carrière ministérielle.

Charles Pasqua a présidé aussi pendant 19 ans le conseil général des Hauts-de-Seine, département le plus riche de France, avant de céder sa place en 2004 à son dauphin… Nicolas Sarkozy.

C’est la question européenne qui le sépare de Jacques Chirac. Il milite pour le non au traité de Maastricht en 1992, quitte le RPR et fonde son propre mouvement « souverainiste », le Rassemblement pour la France (RPF), dans la foulée de son succès électoral aux européennes de 1999: 13,05% des voix avec son colistier Philippe de Villiers.

Son influence et son image se sont dégradées avec l’accumulation de ses mises en cause judiciaires. Il a souvent dénoncé une cabale politique qui aurait notamment eu pour but de l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2002, risquant ainsi de faire de l’ombre à Jacques Chirac.

En 2004, après avoir raté une réélection au Parlement européen, il avait fait son retour au Sénat. Il avait décidé de ne pas se représenter aux élections sénatoriales de septembre 2011, mettant ainsi un point final à sa carrière politique.

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