82 ans après sa mort en Chine, un pilote juif de la Seconde Guerre mondiale revient enfin aux États-Unis
Le long retour du lieutenant Morton Sher
Greenville, Caroline du Sud — décembre 2025.
Plus de huit décennies après avoir été abattu au-dessus de la Chine en pleine Seconde Guerre mondiale, Morton Sher, pilote américain juif de l’US Army Air Forces, a enfin été rapatrié sur la terre de ses ancêtres pour y être inhumé avec les honneurs militaires. Une histoire de guerre, de mémoire et de fidélité à une promesse nationale : ne jamais laisser un soldat derrière soi.
Un jeune Américain engagé contre le nazisme et l’impérialisme japonais
Né à Baltimore et élevé en Caroline du Sud, Morton Sher s’engage très jeune dans l’aviation américaine. À seulement 22 ans, il est affecté dans les opérations en Chine–Birmanie–Inde, l’un des fronts les plus rudes et les plus oubliés de la Seconde Guerre mondiale.
Il sert au sein de l’United States Army Air Forces, dans une unité héritière de la légendaire escadrille des Flying Tigers, chargée de défendre la Chine contre l’aviation impériale japonaise.
Août 1943 : le ciel de Chine comme tombeau
Le 20 août 1943, lors d’une mission de combat au-dessus de la province chinoise du Hunan, son avion est touché. Le lieutenant Sher est abattu et disparaît avec son appareil. À l’époque, aucune récupération n’est possible. Il est officiellement déclaré Missing in Action, puis Killed in Action, sans sépulture.
Pendant 82 ans, son nom reste gravé sur une pierre tombale vide.
Une découverte tardive, une identification décisive
Des décennies plus tard, des recherches menées par des équipes spécialisées permettent de localiser l’épave de l’appareil dans une zone reculée de Chine. Des restes humains sont exhumés et confiés aux autorités américaines.
Grâce aux progrès de l’ADN et à la coopération internationale, l’identification est formelle : il s’agit bien de Morton Sher. Un soldat enfin retrouvé.
Retour à Greenville : la fin d’une attente familiale
Fin 2025, le cercueil drapé du drapeau américain arrive en Caroline du Sud. À Greenville, là où une stèle portait son nom depuis plus de huit décennies, le pilote est enfin inhumé.
La cérémonie se déroule avec pleins honneurs militaires :
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garde d’honneur,
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pliage du drapeau remis à la famille,
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sonnerie aux morts,
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présence de symboles juifs, dont l’étoile de David.
Selon plusieurs témoignages, de la terre d’Israël a également été déposée sur sa tombe — un geste fort, mêlant mémoire juive et sacrifice américain.
Mémoire, fidélité et transmission
Au-delà de l’émotion, cette inhumation tardive porte un message puissant :
la mémoire n’a pas d’échéance.
Dans un monde où les témoins directs de la Seconde Guerre mondiale disparaissent peu à peu, le retour du Lieutenant Morton Sher rappelle que chaque soldat tombé, quelle que soit sa religion ou le lieu de sa mort, mérite reconnaissance et dignité.
82 ans plus tard, le pilote est rentré chez lui.
Et l’Histoire, cette fois, a tenu parole.
Alain Sayada


