TRIBUNE de Alain SAYADA
Quand le Grand Rabbin de France Haim Korsia déshonore sa fonction, en perdant son sang froid
J’ai écouté avec stupéfaction l’intervention du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, sur RCJ. Dans cette émission, il n’a pas hésité à qualifier d’« ordures » ou de « minables » tous ceux qui contestent ses prises de position politiques et sa proximité assumée avec Emmanuel Macron. Ces propos insultants sont indignes d’un responsable spirituel, dont la mission devrait être d’élever le débat, pas de l’abaisser.
Une légitimité fragile
M. Korsia se permet d’insulter ceux qui critiquent le Premier ministre israélien, élu démocratiquement par le peuple d’Israël, alors que sa propre fonction résulte avant tout de jeux d’influence et de réseaux. Que vaut une légitimité d’appareil face à celle qui découle des urnes ?
Une rupture avec l’histoire du Rabbinat
L’institution du Grand Rabbinat de France, forte de deux siècles d’histoire, a toujours su préserver sa dignité et son indépendance, notamment après la loi de 1905. Docteur en histoire contemporaine, M. Korsia devrait le savoir mieux que quiconque. Pourtant, sa proximité avec le pouvoir politique l’a trahi et l’éloigne chaque jour davantage de la communauté.
Une base qui ne le suit plus
Quand il affirme que ses contradicteurs ne seraient qu’une minorité, il se berce d’illusions. En vérité, ses rares soutiens sont des responsables institutionnels davantage attachés à leur position qu’à la défense des fidèles. Pour la majorité silencieuse, le Grand Rabbin est devenu transparent, sans autorité morale, sans légitimité spirituelle.
Le silence sur l’essentiel
Il est aisé d’insulter ses opposants. Il est plus difficile d’avoir le courage de rappeler ses engagements au président Macron.
Le chef de l’État a promis de ne reconnaître un État palestinien qu’à trois conditions :
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La libération des otages.
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Le désarmement du Hamas.
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L’installation d’une Autorité palestinienne légitime.
Aucune de ces conditions n’est remplie. Pourtant, silence du Grand Rabbin. Pas un mot pour mettre en garde contre la légitimation, par un geste diplomatique, du massacre du 7 octobre.
Une fonction affaiblie par le clanisme
Au lieu d’incarner l’unité, M. Korsia préfère les invectives. Derrière lui, ses quelques soutiens – Élie Korchia ou Caroline Yadan – apparaissent comme les membres d’un clan coupé de la réalité. Leur silence est assourdissant.
Un Grand Rabbin devrait se tenir au-dessus des querelles politiciennes, garant de l’indépendance et de la hauteur morale. En choisissant l’alignement sur le pouvoir et le mépris de ses contradicteurs, Haïm Korsia trahit cette mission.
Le comble est atteint lorsqu’il perd son sang-froid en déclarant : « Cela commence à bien faire ». Il oublie que ce ne sont pas ses opposants qui lassent la communauté, mais bien lui qui exaspère une majorité de Juifs de France. Cette phrase, c’est nous qui devrions la lui adresser.
Alain Sayada
Israel Actualité