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Le leader de Forsane Alizza se défend de toute « inspiration terroriste »

Paris, 8 juin 2015 (AFP) – Mohammed Achamlane s’est défendu de toute
« inspiration terroriste » à l’ouverture du procès lundi de son groupe Forsane
Alizza, affirmant avoir juste voulu défendre un « islam décomplexé » en butte à
de multiples « agressions ».
L’homme de 37 ans, qui s’est présenté devant le tribunal correctionnel de
Paris vêtu de noir, avec son éternel collier de barbe mais les cheveux
désormais grisonnants, est poursuivi avec 14 autres membres des « cavaliers de
la fierté » -dont deux n’étaient pas présents à l’audience- pour « association
de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Le groupe fondé fin 2010 avait été dissous début 2012 par le ministère de
l’Intérieur, qui le qualifiait de « milice privée ». Et fin mars 2012, un coup
de filet visait ses membres, les enquêteurs estimant disposer « d’éléments
laissant craindre que le groupe ne possède des armes et ne passe à l’action
violente ».
« Nous n’avions pas d’inspiration terroriste », s’est défendu Achamlane dans
ses premières déclarations. Pour lui, Forsane Alizza avait un seul but,
« l’autodéfense » face à la multiplication d’attaques islamophobes. « On va se
prendre en main. On se sent en insécurité et on ne va pas laisser nos femmes
et nos enfants se faire égorger ».
« Je suis pour la légitime défense, mais je ne suis pas raciste, je ne suis
pas antisémite », assure-t-il, alors que le dossier d’accusation évoque
notamment un fichier informatique dénommé « cibles » et listant des commerces
juifs de région parisienne. Une liste prise sur un site consacré au boycott de
produits fabriqués dans les territoires palestiniens occupés, selon la défense
d’Achamlane.

– ‘Pain au chocolat’ vs ‘islam décomplexé’ –

Tout au plus le leader de Forsane Alizza reconnait-il « de la provocation »
dans certaines des vidéos ou des textes mis en ligne sur le site du groupe.
« On voulait faire une vidéo provoc avec un mur de kalach et ma tête de barbu,
pour rééquilibrer la balance ».
Rééquilibrer par rapport à quoi? A l’exclusion dont est pour lui victime la
communauté musulmane. « On ne ressent pas ce fameux vivre ensemble. On est
exclu. Regardez le débat sur les repas à l’école, on vient embêter nos
enfants. On nous a stigmatisés comme des voleurs de pain au chocolat ».
En détention provisoire depuis son interpellation, il dit avoir toujours
pensé que son activisme pourrait le conduire en prison. Mais répète que son
groupe « n’avait pas d’inspiration terroriste » et avait pour seul but
« d’articuler notre site pour lutter contre l’islamophobie ».
Quant à la pratique religieuse, « il n’y a pas d’islam radical ou modéré, il
y a l’islam authentique, décomplexé », dit celui qui assure que « les femmes
peuvent porter ce qu’elle veulent ». Au premier rang, la seule prévenue du
groupe fait face aux juges dans un hijab gris.
La présidente en vient aux armes retrouvées en perquisition chez Achamlane.
« Les armes j’aime ça depuis tout petit, j’en ai toujours eu depuis l’âge de 14
ans. » En avoir est bien le moins « quand on a une famille menacée chaque jour ».
Et s’il reconnait volontiers « un revolver », il parcourt ensuite lentement la
liste des « pseudo-armes », fusils d’assaut neutralisés ou diverses armes
d’alarme ou électriques saisies.
Le procès devrait se poursuivre jusqu’au 22 ou 23 juin et la décision être
rendue le 10 juillet.
so/ger/sd

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