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Analyse: Assad ou l’EI, le dilemme d’Erdogan

Ankara refuse de céder aux USA et participer à la coalition contre l’EI dont les djihadistes combattent Assad

Après que dix des onze États moyen-orientaux ont signé le « communiqué de Jeddah », dans lequel ils s’engagent à aider le président Obama dans sa campagne contre l’Etat islamique, le secrétaire d’Etat John Kerry s’est précipité à Ankara pour discuter de la réticence turque face à cette déclaration.

Quelques jours plus tôt, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, lui aussi à Ankara, a déclaré que la Turquie avait réaffirmé son engagement à détruire l’Etat islamique avec tout ce qu’il représente. Hagel a également souligné que la Turquie serait impliquée dans tous les efforts visant à bâtir la coalition internationale du Président Obama pour lutter contre cette entité haineuse.

L’interprétation du Secrétaire Hagel était apparemment incorrecte puisque lorsque Kerry a quitté Ankara, un haut responsable turc a déclaré: « Nous ne nous engagerons pas dans une campagne militaire contre les combattants de l’Etat islamique ». La Turquie, un membre important de l’OTAN, a précisé qu’elle ne permettra pas aux États-Unis d’utiliser ses installations pour des missions de combats et qu’elle limiterait son rôle à des opérations humanitaires.

Petit rappel de la géographie régionale: la Turquie a des frontières longilignes et étendues à la fois avec l’Irak et la Syrie. La frontière entre la Turquie et la Syrie s’étend sur quelque 900 kilomètres et sa frontière avec l’Irak sur environ 300 km. La Turquie est ainsi, géographiquement, le membre de l’OTAN le plus proche des bastions de l’État islamique en Irak et en Syrie.

L’armée de l’air turque est équipée avec les dernières technologies issues de l’industrie militaire américaine et ses pilotes ainsi que son personnel sont formés par les Etats-Unis. Il y a environ 24 bases de l’OTAN en Turquie. Les plus connues sont celles d’Incerlik au sud-est et de Batman plus à l’est. Le décollage d’un avion de chasse sur l’une de ces bases ne prend pas plus de quelques minutes, pourtant, la Turquie affirme clairement que son engagement aux côtés d’Obama ne sera limité qu’à des fins logistiques et morales.

Ankara a précisé qu’elle n’autorisera pas les avions américains ou de l’OTAN à décoller des pistes turques. Si, que Dieu préserve, des pilotes de l’OTAN se retrouvaient en difficulté dans les airs, alors, une procédure spéciale sera mise en place pour accorder un droit d’atterrissage en Turquie. C’est à dire: uniquement en cas d’urgence.

Interrogé sur les réticences d’Ankara à s’aligner pleinement sur la campagne américaine contre l’Etat islamique, les responsables turcs ont fait référence aux 49 prisonniers capturés à Mossoul (en Irak, ndlr) il y a deux mois et ont fait part de leurs craintes concernant des représailles. Il y a très peu d’informations sur des ressortissants turcs enlevés en raison d’une censure médiatique imposée par le gouvernement. Néanmoins, certains observateurs estiment qu’il est très pratique pour Ankara d’utiliser ces prisonniers comme excuse majeure dans sa longue liste de justifications pour ne pas se joindre à l’effort de Barack Obama contre l’État islamique.

A lire sur le sujet: Plus de 1.000 Turcs dans les rangs de l’EI

Le président Erdogan est pleinement conscient de la menace que pose l’Etat islamique à ses alliés en général, et la Turquie en particulier. Mais, dans un même temps, les djihadistes de l’Etat islamique se battent contre Bachar al-Assad en Syrie, et Erdogan ne peut donc pas s’empêcher de flirter eux.

Lors du récent sommet de l’OTAN au Pays de Galles, le président Erdogan a accusé ses homologues chefs d’Etats de « garder le silence sur les massacres des régimes de la région qui traceront le chemin des organisations terroristes”, pointant ainsi clairement du doigt ceux qui n’ont pas agi pour renverser Assad en Syrie.

Le dégoût d’Erdogan envers Assad est si profond que le président turc n’est pas disposé à soutenir un effort visant à chasser des terroristes odieux qui combattent Assad, même s’ils constituent une menace pour la Turquie. Erdogan déteste Assad plus qu’il ne craint l’État islamique.

Mais la diplomatie va au-delà des débordements émotionnels.

Comme l’avait déclaré le président George W. Bush au Congrès, alors qu’il était attiré par Al-Qaïda dans une campagne antiterroriste: « soit vous êtes avec nous, soit vous êtes du côté des terroristes ».

A présent, en tant que présid

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