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France: Les juifs non pratiquants plutôt sourds aux appels de Netanyahu

  Netanyahu appelle les juifs européens à immigrer en Israël après l'attaque  de Copenhague
Netanyahu appelle les juifs européens à immigrer en Israël après l’attaque
de Copenhague

« Je suis Français, je suis juif et je voudrais
que M. Netanyahu me laisse tranquille! »: Comme nombre de Français juifs non
pratiquants, Jean-Pierre reste sourd aux appels de Benjamin Netanyahu à
rejoindre Israël, malgré l’inquiétude qui l’étreint face à la montée de
l’antisémitisme.
« Serais-je contraint de quitter la France que pour rien au monde, je
n’irais en Israël. Je suis Français depuis plus de trois siècle. Je viens
d’une famille de résistants. je suis Français et juif », assure à l’AFP ce
quinquagénaire, qui préfère taire son nom, installé à Paris et dont la famille
est de l’Est de la France.
Pour lui qui ne se rend que rarement à la synagogue, « la judaïté n’est pas
captée par la religion. C’est une culture, une tradition, une histoire qui
nous permet de savoir d’où on vient ».
Il explique que tous dans sa famille « sont absolument laïcs ». « Nous sommes
l’incarnation de la laïcité à la française qui permet de nous dégager de la
religion juive et d’être protégés dans notre indépendance ». Il se dit « outré »
quand il croise « un juif français se balader avec un drapeau israélien ».
Son drapeau, son pays, c’est « la France ».
Alors les appels récurrents du Premier ministre israélien aux juifs
d’Europe à rejoindre Israël le laissent froid. Il est certain que seulement
« une partie minime » des juifs de France -la plus grosse communauté d’Europe
avec quelque 550.000 personnes – sera tentée par le voyage. « Mais, ajoute
Jean-Pierre, on oublie de dire combien reviennent. Réussir son alya
(émigration en Israël, ndlr), ce n’est pas facile ».
En 2014 et pour la première fois, la France a été le premier pays
d’émigration vers Israël avec le départ de plus de 6.600 juifs.
Son épouse Sylvie estime que la multiplication des appels de M. Netanyahu à
rejoindre Israël s’explique par l’approche d’élections dans ce pays.
Franck Stepler, dirigeant du Mouvement juif libéral de France, rappelle
« que de tous temps les responsables politiques israéliens ont lancé des appels
pour que les juifs rejoignent Israël, en estimant qu’ainsi ils seraient plus
forts ».
« Si le départ pour Israël se généralisait, ce serait très grave. Ce serait
la ghettoïsation et la fin », ajoute-il.

– Parfois ‘difficile de se dire juif’ –
Sylvie, elle, n’envisage pas de partir, « sauf si Marine Le Pen arrivait au
pouvoir ». Mais dans ce cas, elle irait « ailleurs qu’en Israël » car c’est « un
pays en guerre ».
« Personnellement », elle « n’est pas inquiète », car elle vit au centre de
Paris et « pas dans une banlieue où l’antisémitisme est fort ». Toutefois après
les attentats de Paris, Bruxelles, Copenhague et les profanations de centaines
de tombes juives dans le Bas-Rhin, elle s’interroge: « tu te rappelles que tu
es juif. Ca te remet face à ça ».
Pour Marc Konczaty, président du MJLF, « la répétition des actes antisémites
dans des proportions plus importantes et décomplexées est préoccupante ». Il
relève ainsi que « la question de quitter la France se pose pour des gens pour
qui cela ne se posait pas » jusqu’à présent.
Cependant, il pense que la majorité de la communauté juive se sent
« française », se sent « soutenue par les pouvoirs publics ». « On est ici, on est
Français, on se bat ». Même si la situation est délicate « dans certains
endroits, certaines banlieues, où il est difficile de se dire juif ».
Jean-Paul Vormus, un Toulousain de 61 ans, non pratiquant, travaillant dans
l’industrie spatiale, considère que « le Premier ministre israélien est dans
son rôle, car l’objectif d’Israël est de rassembler tous les juifs dans le
pays ». Maintenant, « la question est de savoir si c’est une politique
intelligente », poursuit-il, affirmant à l’AFP que personnellement « ce n’est
sûrement pas en Israël qu'(il) se réfugierait ».
Il se félicite des déclarations du président François Hollande et du
Premier ministre Manuel Valls. « C’est bien que l’État fasse montre de
solidarité ».
« La peur, c’est quelque chose qui ne sert à rien », clame pour sa part Alain
Cohen, 57 ans, un Parisien qui a habité trois ans en Israël. « Je suis
Français, fier et extrêmement heureux d’être Français. Je suis juif, fier et
extrêmement heureux d’être juif », dit-il à l’AFP.
sm/rh/jag

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