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John Kerry : un Cosaque dans une Soukka

Kerry-King-Abdullah-300x199Image à la Une : Le secrétaire d’Etat John Kerry et le Roi Abdullah d’Arabie Saoudite le 5 janvier 2014. Photo: U.S. Department of State.

Quand il s’agit d’Israël, John Kerry fait de la diplomatie comme un éléphant dans un magasin de porcelaine; ou, dirons-nous, comme un cosaque dans une soukka. (C’est une comparaison qui aurait été familière aux grands-parents paternels de Kerry qui parlaient le yiddish, et dont le nom d’origine est Kohn.)

Ce ne fut donc pas une surprise quand dans un élan quasi convulsif à un comité du Congrès le 25 février, il attaqua Benjamin Netanyahu pour avoir eu la témérité d’accepter une invitation du Congrès américain pour avertir de l’imminence du danger de laisser l’Iran acquérir la capacité de développer et de «livrer» des armes nucléaires, y compris une Livraison spéciale pour Israël.

Kerry a allégué que Netanyahu (« le Premier ministre ») avait déjà fait preuve de mauvais jugement sur le Moyen-Orient en 2002 quand « le Premier ministre avait défendu une position franche  en faveur de l’invasion de l’Irak. » « Et, » sarcastiquement il a ajouté, « vous vous souvenez comment tout cela a tourné. » Que cette invasion fût sage ou démente, Kerry lui-même avait tenu exactement le même jugement à ce sujet le 11 Octobre 2002, quand il a voté (et défendu haut et fort cette décision) en faveur de l’invasion. « Bibi » a bel et bien en 2002 conseillé de se  « débarrasser » de Saddam Hussein, mais l’a-t-il dit dans un sens ‘d’approbation’ je ne saurais le dire. Bien sûr, Ariel Sharon était Premier Ministre à l’époque, et Bibi avait témoigné publiquement, en tant que citoyen privé.

Mais on ne s’attend pas à des distinctions fines de gens comme Kerry, qui s’est fait connaître en premier en 1971 en accusant l’ensemble de la chaîne américaine de commandement militaire d’être « criminels de guerre. »

Bien que ce soit un secret de polichinelle que le président Obama et M. Kerry détestent Netanyahu (qui est un affront permanent à leurs egos surdimensionnés,) c’était davantage une hostilité personnelle que Kerry exprimait ici. Kerry tire ses points de vue de personnes qui blâment Israël pour chaque misère de la planète, sauf la grippe aviaire et aimerait voir non seulement le Parti Démocrate mais l’Amérique elle-même rompre ses liens traditionnels et de portée morale avec Israël au profit d’une alliance, fondée sur la realpolitik, avec le régime fanatique islamiste d’Iran.

“Voici par exemple, Kerry qui en Octobre 2014 reproche à Israël ISIL / ISIS: « Comme je suis allé un peu partout et que j’ai rencontré des gens dans le cadre de nos discussions sur la coalition ISIL, la vérité est qu’il n’y a pas un leader de la région [du Moyen-Orient] qui n’ait soulevé avec moi spontanément la nécessité d’obtenir la paix entre Israël et les Palestiniens, parce que c’est une cause du recrutement, de la colère de la rue et de l’agitation qui nécessite – et beaucoup de gens sont d’accord – un règlement. Et les gens ont besoin de comprendre le lien entre tout cela. Et cela a quelque chose à voir avec l’humiliation et le déni et l’absence de dignité et [la fête islamique] de l’Eid célèbre le contraire de tout cela « .

Ce qui se cache derrière l’agression blessante de Kerry sur Netanyahu est la vision du monde de gens comme Stephen Walt et John Mearsheimer, qui blâment Israël d’avoir poussé le président Bush à cette invasion (quand bien même ces deux théoriciens de la conspiration savent que c’était Ariel Sharon, pas Netanyahu, le premier ministre de l’époque). Mais tout cela est bien loin de la vérité.

En 2007 Lawrence Wilkerson, un membre du personnel de la planification des politiques du Département d’État des États-Unis puis chef de cabinet du secrétaire d’État Colin Powell, a déclaré que « les Israéliens nous ont dit que l’Irak n’est pas l’ennemi, c’est l’Iran l’ennemi. » Il a ajouté qu’un grand nombre de responsables israéliens avaient dit à leurs homologues américains : «si vous déstabilisez l’équilibre des pouvoirs, faites le contre l’ennemi principal, [et] ne focalisez pas sur l’Irak et Saddam Hussein. » Wilkerson a souligné que ces exhortations des responsables israéliens ont été déclenchées par des rapports de Décembre 2001 que l’administration Bush comptait sérieusement lancer une attaque contre l’Irak.

Dans les semaines précédant la réunion de Sharon avec Bush le 7 Février 2002, de nombreux responsables israéliens ont dit à l’administration Bush que l’Iran était une menace bien plus grande pour l’Amérique et le monde entier que l’Irak.

Kerry déteste Netanyahu et Israël encore plus, et s’engage dans une détente avec l’Iran pour « redorer » l’héritage présidentiel de son maître. Et après avoir déjà déclaré que la catastrophe syrienne en cours (200 000 morts, 20 millions de réfugiés) est une moindre calamité  pour le monde au regard du réchauffement climatique, il accepterait la réduction d’Israël en poussière de sable par ses amis iraniens avec sérénité. Pour John Kerry un second Holocauste serait beaucoup moins nocif pour la planète qu’une augmentation conjecturelle d’un dixième de degré sur le thermomètre mondial.

 

Source: The Algemeiner – 2 mars 2015

Edward Alexander

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