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Le Capitaine

Rubrique : Hommage

« Le jour de la disparition de notre patriarche Abraham, tous les grands hommes des nations se mirent en rang pour venir prononcer son éloge funèbre. » Ce texte du Talmud1 présente une étonnante ressemblance avec la situation qui régna après la disparition du Rabbi de Loubavitch.

La différence entre les deux personnages n’est, somme toute, pas si énorme. A la mort d’Abraham, les grands hommes des nations comprirent qu’un terrible événement venait de se produire. Et ils vinrent prononcer ce bref panégyrique : « Malheur au monde qui a perdu son dirigeant, malheur au vaisseau qui a perdu son capitaine ! »

Le Rabbi n’a point laissé d’héritage en tant que tel. Il nous a plutôt légué une feuille de route. Il s’agit d’un concept entièrement différent. Ce qu’il nous a confié et qui possède encore une plus grande valeur n’est rien d’autre qu’une tâche devant être achevée. Son message devenait, d’année en année, de plus en plus clair et de plus en plus fort :  »Préparez-vous, mettez-vous à l’œuvre car le Machia’h est sur le point d’arriver ».

Beaucoup ont évoqué la sainteté du Rabbi. Sainteté qui ne se manifestait pas seulement de temps à autre : elle se confondait avec la quintessence de son être. Certains ont présenté le Rabbi et continueront de le faire comme l’un des plus grands érudits juifs de son époque, peut-être le plus grand. Par ailleurs, le Rabbi, lui-même scientifique, comprenait parfaitement la science moderne. Aucun aspect de ce monde ne lui échappait, depuis la littérature russe jusqu’aux détails les plus pointus de la technologie. Enfin, il possédait un esprit exceptionnel. Mais le Rabbi était, en même temps, conscient du monde dans lequel il vivait. Connaissant ainsi le monde et ses tensions, comment donc pouvait-il dire que le Machiah’ devait bientôt arriver ? Au cours de ces dernières années, en effet, le Rabbi revint encore et toujours sur la même idée : « Ouvrez vos yeux, de grâce, ouvrez vos yeux et regardez.”

Ouvrons donc les yeux, sachons discerner ce qui se cache derrière un extérieur dur et rude : on découvrira alors que les hommes sont profondément différents. Et cet amour, ce réconfort ou cette simple parole d’affection auxquels chacun aspire se trouvent de plus en plus à notre portée. Notre devoir est de tout faire afin de favoriser une telle quête. Exposons à la lumière du jour tout ce qui est voilé. Ce monde que nous percevons comme dénué de foi est en fait empli de gens qui recherchent et implorent une telle foi. Comme ils ont honte de l’appeler par son propre nom, ils la désignent par des centaines de substituts. Ils en parlent tels de petits enfants incapables de prononcer les mots de manière correcte. Notre devoir est de les aider, de les aider à mieux prononcer et à dire clairement ce que, en vérité, ils veulent déclarer : « Je crois. Je souhaite m’améliorer. »

C’est pourquoi le Rabbi nous enjoignait d’ouvrir les yeux. Ouvrir nos yeux au monde, ouvrir les yeux sur notre âme intérieure, afin de découvrir le secret suprême : non seulement avons-nous le devoir d’opérer le changement mais nous en sommes capables. Il suffit d’amorcer le changement pour gagner la confiance en notre capacité de l’accomplir.

La présence d’un Tsaddik, après sa disparition, est encore plus ressentie que lorsqu’il vivait dans les limites de ce monde2. Notre devoir aujourd’hui est de discerner, de croire, et de savoir : même si le capitaine n’est plus là, nous sommes capables de réaliser cet objectif suprême. Il nous faut agir et, à n’en pas douter, nous agirons. Il nous suffit de traverser encore un peu les mers avant d’arriver, enfin et véritablement, à bon port.

C’est alors que nous retrouverons le capitaine. 

LPH bandeau_jourj (3)
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