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Le djihadiste, qui voulait du soleil, condamné à quatre ans d’emprisonnement à Rouen

Justice. Quatre ans de prison ferme : c’est la sanction infligée à Franck Elong Abe, coupable d’une tentative d’évasion, et qui est par ailleurs mis en examen à Paris pour terrorisme.

Franck Elong Abe
Franck Elong Abe

En chemisette blanche, la barbe fournie et taillée en pointe, le crâne rasé, Franck Elong Abe, 28 ans a comparu hier devant le tribunal correctionnel de Rouen. Pas pour terrorisme – il est mis en examen dans un dossier de cette nature à Paris depuis 2014 et incarcéré depuis – mais pour une bizarre et violente tentative d’évasion commise dans l’hôpital-prison de Seclin (Nord) le 10 mars dernier. Particulièrement signalé pour sa potentielle dangerosité, c’est un imposant service d’ordre (cagoules noires de la brigade anticriminalité, fusils-mitrailleurs et casques de maintien de l’ordre) qui a accompagné le détenu lors du procès.

Interné en psychiatrie

Les faits : Franck Elong Abe est arrêté en 2012 en Afghanistan. Les autorités américaines le remettent en 2014 à la France et il atterrit à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen parce qu’il a passé une partie de sa jeunesse en Normandie. En février 2015, il essaye de se suicider et il est transféré à Seclin. Le 10 mars, il attire dans sa cellule une interne en psychiatrie, lui remet un mot tout en la ceinturant et en la menaçant avec une pointe taillée dans un dévidoir de papier hygiénique. « Je te préviens : si t’appuies sur ton bip, je te l’enfonce dans la gorge. Tu vas venir avec moi sans faire d’histoire et m’accompagner jusqu’au terrain de foot ». L’interne hurle : deux minutes plus tard, sans violence, d’autres infirmiers maîtrisent le prévenu et lui injectent des calmants. Tentative d’évasion ?

Franck Elong Abe, qui refuse de répondre comme c’est son droit à toutes les questions, n’apportera pas la réponse. « Dès son arrivée à Seclin, il a été mis à l’écart, n’a pas eu accès aux promenades, au terrain de foot. Ce jour-là, il en a eu marre, il a voulu voir le jour », explique Me Pauline Vallois, son avocate. Elle plaide la relaxe, estimant que ni l’intention de s’évader ni les éléments matériels n’étaient réunis.

Tandis qu’un policier de la brigade anticriminalité fixe le prévenu du regard et garde la main sur son Taser, le procureur conteste. « Il a prémédité son geste, écrit son mot, requiert-il en substance. Peu importe s’il n’avait aucune chance de s’évader. Cette affaire est d’une extrême gravité ». Le magistrat réclame trois ans de prison.

« Sanction rigoureuse »

Diane D., la victime, 27 ans, qui a choisi de travailler en prison selon son avocat Me Honoré Derain, « s’est dit qu’elle allait mourir, là, dans cette cellule, bêtement. Cette agression l’a hantée quelques semaines, la hantera à chaque fois qu’elle poussera la porte de son travail, d’une prison ».

« Votre document écrit manifeste une intention d’évasion », conclut le tribunal à l’adresse du prévenu, «il s’agit aussi de violences préméditées. Ce sont des actes extrêmement graves qui justifient une sanction rigoureuse ». Bilan : quatre ans de prison et 3 000 € de dommages et intérêts.

B. M.-C.

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