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De Paris à Copenhague, des cibles similaires et la crainte du mimétisme

Paris, 15 fév 2015 (AFP) – Les similitudes sont frappantes entre les
attentats de Copenhague et de Paris, mais il faudra attendre d’en savoir plus
sur le profil du tireur de la capitale danoise pour évoquer un éventuel
mimétisme, phénomène redouté par les spécialistes du terrorisme.
La police danoise soupçonne le tueur, dont elle n’a pas révélé l’identité,
d’avoir voulu imiter les attentats parisiens.
« Je suis frappé par le mimétisme de la séquence, d’abord une attaque contre
le symbole de la liberté d’expression, ensuite une attaque contre des Juifs,
et puis l’affrontement par rapport aux policiers », a relevé dimanche le
ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Comme les frères Kouachi qui ont tué à la kalachnikov le 7 janvier à Paris
12 personnes au siège de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire satirique qui avait
publié des caricatures de Mahomet, un assaillant a mitraillé samedi à
Copenhague un centre culturel où se tenait un débat intitulé « Art, blasphème
et liberté », tuant un homme. Parmi les invités, un artiste suédois qui a, lui
aussi, caricaturé le prophète de l’islam.
« C’était la même intention que Charlie Hebdo, sauf qu’ils n’ont pas réussi
à entrer », a commenté l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray,
présent à la rencontre.
Et comme Amédy Coulibaly qui a tué quatre Juifs le 9 janvier dans un
supermarché casher parisien, l’assaillant du Danemark s’en est pris ensuite à
une synagogue. Il y a mortellement blessé un Juif, avant d’être abattu
quelques heures plus tard par la police, comme les forces de l’ordre
françaises ont tué les trois tireurs parisiens, au terme d’une traque plus
longue.

– Consignes des groupes jihadistes –

« Le mode opératoire semble similaire, les cibles aussi, on peut penser
qu’il s’agit du même genre de jihad individuel », dit à l’AFP une source proche
des forces d’élite françaises.
« Il y a des similitudes », acquiesce Jean-Charles Brisard, expert des
questions liées au terrorisme, « mais elles relèvent de tendances lourdes qu’on
observe depuis plusieurs années ». Parmi elles, « des cibles à haute valeur
symbolique » qui remplacent les « attentats aveugles », des « armements de moins
en moins sophistiqués » au lieu d’explosifs « dont les terroristes se méfient
car ils sont davantage surveillés par les services de renseignement ».
Pour ce spécialiste, ce type d’attaques « nécessite beaucoup moins de
préparatifs que les attentats » commis par le passé, ce qui les rend plus
difficiles à détecter.
Pour autant, « il faut faire attention aux raccourcis » car « on ne sait pas
grand-chose du tireur de Copenhague », prévient la source proche des forces
d’élite.
Les tueurs français se réclamaient de mouvements jihadistes, Al-Qaïda ou le
groupe Etat islamique (EI). Les enquêteurs n’excluent pas qu’ils se soient
rendus en Syrie, et au moins un des Kouachi est allé en 2011 au Yémen, autre
bastion du jihadisme international.
Quant à l’assaillant du Danemark, lui aussi déjà connu des services de
renseignement, les enquêteurs ignorent s’il a été en Syrie ou en Irak mais
pensent qu’il « peut avoir été inspiré par la propagande militante islamiste
diffusée par l’Etat islamique ou d’autres organisations terroristes ». Le
Danemark est un des pays les plus concernés par les départs pour le jihad en
Syrie en proportion de sa population.
Selon la source proche des forces d’élite, le risque « d’imitation » est une
crainte réelle des services antiterroristes. « C’est d’ailleurs l’intention des
organisations jihadistes: par leur vidéos de propagande et leurs recrutements
sur internet ils veulent que des personnes se reconnaissent dans les actions
comme les attentats de Paris, qu’elles les reproduisent. »
Avant même les attaques parisiennes, plusieurs hommes convertis aux thèses
jihadistes étaient passés à l’acte, comme le Français Mehdi Nemmouche qui a
tué quatre personnes au Musée juif de Bruxelles en mai, le Canadien Michael
Zehaf-Bibeau qui a tué un militaire à Ottawa en octobre, ou encore Man Haron
Monis, auteur en décembre d’une prise d’otages à Sydney qui s’est soldée par
la mort de deux personnes et de l’attaquant.
Qu’ils aient agi seuls ou qu’ils se revendiquent d’un groupe, ces hommes
semblent avoir mis en pratique les consignes diffusées par Al-Qaïda ou l’EI:
passez à l’action là où vous vivez, en faisant le plus de bruit possible.

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