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Paris: défilé pro-palestinien sous haute surveillance

Venez on va au quartier juif », ont crié certains participants au rassemblement

14.500 personnes ont défilé mercredi soir à Paris, selon la préfecture de police, qui avait autorisé ce rassemblement très encadré par les forces de l’ordre, quelques jours après deux rassemblements interdits qui ont dégénéré, y compris en violences antisémites.

 

Selon l’Association France Palestine Solidarité, l’un des organisateurs, ils étaient 25.000. Le rassemblement qui partait de la Place Denfert-Rochereau pour rejoindre les Invalides était en cours de dispersion peu avant 21H00.

Les manifestants, certains revêtus d’un drapeau palestinien ou de keffiehs, d’autres arborant un simple autocollant: « Boycottons Israël », sont partis vers 18h30 de la Place Denfert-Rochereau pour rejoindre les Invalides en début de soirée. Un drapeau de plusieurs mètres aux couleurs de la Palestine était tendu au-dessus de la foule.

« Nous voulons parler politique, pas de Sarcelles ou de Barbès. Nous voulons donner la preuve que nous sommes des gens responsables », a déclaré Taoufiq Tahami, président de l’Association France Palestine Solidarité.

« Venez, on va au quartier juif »

« Venez on va au quartier juif », ont scandé certains participants au rassemblement, selon des vidéos de la manifestation circulant sur Youtube. Un drapeau d’Israël a été brûlé par des manifestants aux cris de « Israël assassins ».

Par ailleurs, des dizaines de manifestants se sont dirigés vers la rue des Rosiers, le coeur du quartier juif historique de Paris. Les individus ont donné des coups de pied dans des grilles d’un restaurant casher jusqu’à ce que la police les repousse et les interpelle.

« Israël assassin, Hollande démission! » et « Vive la Palestine, vive la résistance », ont également crié les manifestants.

Plusieurs personnalités politiques dont l’ex-ministre écologiste Dominique Voynet, le coprésident du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon, et plusieurs députés socialistes étaient présents. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux, avait pourtant conseillé aux parlementaires PS de ne pas participer au défilé, craignant que des groupes viennent pour « casser du juif, casser du socialiste ».

Ce rassemblement est autorisé car les organisateurs, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, regroupement d’associations, de syndicats et de partis, « sont responsables et veulent une manifestation pacifique », a justifié le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Toutefois, a-t-il averti, si, dans le cortège, certains profèrent des propos antisémites, ils seront interpellés.

François Hollande avait réaffirmé en Conseil des ministres qu’il était de la responsabilité de l’Etat, «de faire respecter l’ordre républicain», selon le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Le défilé est placé sous très haute surveillance. Quatre organisations – CGT, NPA, Parti de gauche et PCF – assurent le service d’ordre. Le cortège était également encadré par « plus de mille policiers en tenue et en civil », selon une source policière.

A Strasbourg, une centaine de personnes revêtues de blanc et portant chacune une pancarte avec le nom d’un enfant tué à Gaza défilaient en silence. D’autres défilés ont lieu à Montpellier, Lille ou Rennes.

Interdire ou non?

Faut-il interdire les manifestations pour éviter qu’elles dégénèrent? La question continuait de diviser.

Selon un sondage Ifop pour Le Figaro publié mercredi, une majorité de Français (62%) se déclare « plutôt favorable » à l’interdiction de ces manifestations car elles s’accompagnent de violences.

Luc Chatel, secrétaire général intérimaire de l’UMP, « ne comprend pas » la décision du gouvernement d’autoriser la manifestation propalestinienne mercredi.

Répondant aux critiques, le ministre de l’Intérieur a justifié les interdictions en raison de « risques de troubles à l’ordre public », mais affirmé que « la liberté de manifester est la règle ».

A l’Assemblée, le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé les élus qui se sont rendus à des manifestations interdites, visant sans le citer l’écologiste parisien Jacques Boutault.

Un autre rassemblement de soutien aux Palestiniens a été annoncé samedi à Paris à l’appel des organisations qui avaient déjà appelé à manifester samedi dernier malgré l’interdiction.

A Pontoise, la justice a condamné mardi à de la prison ferme quatre jeunes gens interpellés dimanche à Sarcelles, en banlieue parisienne, où la manifestation interdite avait viré en émeutes urbaines aux relents antisémites.

A Paris, le parquet, qui demandait de la prison ferme, a fait appel de toutes les peines avec sursis prononcées par le tribunal à l’encontre des mis en cause dans les violences dans le quartier de Barbès à Paris samedi.

Depuis le début de la seconde Intafada en 2000, chaque soubresaut du conflit israélo-palestinien a des répercussions en France: multiplication des actes antisémites, propalestiniens « historiques » et pacifiques débordés par des jeunes issus de l’immigration maghrébine nourris d’antisémitisme et de « mythologie » palestinienne, militants d’extrême gauche dont l’opposition à la politique d’Israël tourne parfois au credo antisémite.

Le Président du CRIF, Roger Cukierman, s’est alarmé de ce phénomène et a déclaré, en marge des commémorations dimanche à Paris du soixante-douzième anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv’, que ce nouvel antisémitisme pouvait « mener jusqu’au départ de tous les Juifs de France ».

Ces questions, sur fond de crise économique, de montée du « communautarisme » et de libération d’une parole haineuse sur les réseaux sociaux, ont achevé de cristalliser les lignes de fracture de la société française. La France compte la plus importante communauté musulmane (entre 3,5 millions et 5 millions de personnes) et juive (500.000 personnes) d’Europe.

(avec AFP)

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