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Israël: émotion et tumulte à l’affiche de la dernière superproduction politique

Le dernier spectacle dont on parle en Israël
est un reality show politique rempli d’émotions fortes et de grands principes.
Les acteurs sont aussi vrais que nature, et pour cause: la ministre de la
Culture et les artistes tiennent les premiers rôles.
La ministre, Miri Regev, ex-général de l’armée jamais rebutée par la
confrontation, s’est attiré la fureur d’une grande partie des artistes en
menaçant de couper les subventions à un théâtre pour enfants de Jaffa, au sud
de Tel-Aviv, car son directeur Norman Issa, un Arabe israélien, refusait de se
produire devant des colons israéliens en Cisjordanie occupée.
Par ailleurs dans le même temps, Naftali Bennett, ministre de l’Education
d’un des gouvernements les plus à droite qu’ait connu Israël, annonçait le
retrait du « Temps parallèle » de la liste des pièces de théâtre bénéficiant du
soutien de l’Etat au titre des spectacles ouverts aux écoliers. La pièce, par
la troupe du théâtre arabe Al-Midan à Haïfa, est inspiré de l’histoire d’un
Palestinien condamné à la prison à vie pour l’enlèvement et l’assassinat d’un
soldat israélien.

– Ancien censeur en chef de l’armée –

Depuis, les rangs des artistes résonnent des cris de censure. Mme Regev a
endossé l’armure du chevalier défendant Israël et croise le fer des mots et
des idées avec les artistes.
« La frontière doit être clairement tracée. Je ne soutiendrai pas les
institutions culturelles qui attentent à la légitimité et promeuvent le
boycott d’Israël », assène-t-elle à tour de bras.
Le monde artistique n’était déjà pas très rassuré de voir Mme Regev entrer
avec le portefeuille de la Culture (et des Sports) dans le nouveau
gouvernement de Benjamin Netanyahu en mai. Mme Regev, 50 ans, membre du
Likoud, le parti de droite de M. Netanyahu, a fait l’essentiel de sa carrière
sous l’uniforme, notamment en tant que censeur en chef de l’armée en 2004-2005.
Les spécialistes de la culture se demandent dans quelle mesure elle passera
de la parole aux actes.
Mais des centaines d’acteurs, producteurs, directeurs, se sont pressés
dimanche dans une salle de Jaffa pour discuter des moyens de contrer la
ministre.
Michael Gurevitch, directeur artistique du prestigieux théâtre Khan à
Jérusalem, a suscité un tonnerre d’applaudissements en proposant « la grève de
toutes les institutions culturelles » en cas de censure. Mme Regev « ne peut pas
décider de ce qui nuit à la sécurité de l’Etat », a-t-il proclamé.

– ‘Troupeau de boeufs’ –

Mme Regev se sent forte du soutien d’une opinion qui a donné la victoire à
la droite aux législatives il y a trois mois et qui refuse de payer pour que
des artistes présumés de gauche salissent l’armée ou l’Etat israélien.
« Nous avons obtenu 30 sièges à la Knesset (le Parlement), vous en avez eu
20 en tout », a-t-elle dit jeudi lors d’une réunion avec les représentants des
institutions culturelles, amalgamant gauche et monde artistique, selon des
propos rapportés par les médias.
Mme Regev n’est pas seule. Des artistes ont appelé à lui manifester leur
soutien ce mardi à Jérusalem. Yishai Lapidot, chanteur de chansons
religieuses, a dit à la radio qu’il existait aussi des « artistes sains
d’esprit » qui conviennent que l’Etat n’a pas à subventionner une pièce sur le
meurtrier d’un soldat israélien, ni un film sur Yigal Amir, l’assassin de
l’ancien Premier ministre travailliste Yitzhak Rabin.
La programmation du documentaire sur Yigal Amir au festival de Jérusalem a
fourni opportunément à la ministre la possibilité de montrer qu’il ne s’agit
pas d’un débat droite-gauche.
Le film, qui présente sous un visage humain le meurtrier de Rabin, est
attaqué de droite comme de gauche. Le ministère coupera les fonds du festival
si celui-ci projette le film, disent des collaborateurs de Mme Regev cités par
le quotidien Yedioth Ahronoth.
Comme pour conforter Mme Regev dans son assurance, c’est un artiste qui se
retrouve dans le rôle du méchant de cette coproduction israélienne. Le célèbre
acteur Oded Kotler est devenu l’incarnation de l’artiste de gauche
condescendant pour avoir comparé les électeurs du Likoud à un « troupeau de
boeufs mastiquant leur herbe ».
jjm-lal/vl

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