La diplomatie française déraille, et la France avec elle
Par Alain SAYADA – Tribune

Mais que se passe-t-il dans la tête du président Macron ? Quelle logique, quelle stratégie, quelle vision peut justifier pareille déconnexion du réel ? Depuis plusieurs mois, la diplomatie française semble s’éloigner à grande vitesse de toute cohérence, multipliant les prises de position absurdes, voire dangereuses, au mépris des faits, des principes, et de la sécurité des Français eux-mêmes.
La dernière décision en date est proprement stupéfiante : recevoir en grande pompe à Paris l’actuel président par intérim du Conseil syrien de transition, un homme dont le passé militant n’est un secret pour personne. Ancien cadre d’Al-Qaïda, lié à Daech, cet individu porte la responsabilité directe ou indirecte de la persécution et de l’assassinat de minorités syriennes, dont les Druzes et les Alaouites. C’est donc cela, aujourd’hui, la « diplomatie des droits humains » ? Accueillir les bourreaux d’hier au nom d’un avenir fantasmé ?
Mais ce n’est pas tout. Dans le même souffle, Emmanuel Macron condamne avec fermeté Israël, un État démocratique frappé par l’un des pires attentats de son histoire le 7 octobre dernier, où plus de 1 200 civils ont été massacrés et où 59 otages sont toujours détenus dans des tunnels par les terroristes du Hamas. Au lieu d’exiger sans condition leur libération, la France s’en prend à Benjamin Netanyahou, accusé de « conquête » de Gaza. Une inversion totale des responsabilités.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est allé jusqu’à dénoncer une soi-disant « nouvelle campagne militaire israélienne » alors qu’il s’agit avant tout d’une opération pour sauver des vies et neutraliser une organisation terroriste classée comme telle par l’Union européenne elle-même. Et pendant ce temps, l’aide humanitaire internationale continue d’être détournée par le Hamas, nourrissant l’effort de guerre des djihadistes.
Plus grave encore : sur le plan intérieur, la politique de l’Élysée alimente, volontairement ou non, un climat de haine et de confusion. Au lieu de combattre clairement l’islamisme radical et ses relais, à commencer par les Frères musulmans — pourtant qualifiés de groupe terroriste par l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore la Jordanie — la France semble faire preuve d’une complaisance coupable. Résultat : les actes antisémites explosent. Des Juifs sont agressés, insultés, parfois assassinés parce qu’ils sont juifs, en France, depuis près de 20 ans .
Alors oui, il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Le président de la République n’est plus crédible sur la scène internationale, sauf peut-être auprès des ennemis mêmes de la République. Son autorité est contestée à l’intérieur, sa voix disqualifiée à l’extérieur. Et s’il lui reste encore un soupçon de lucidité, il devrait commencer par balayer devant sa porte, avant de donner des leçons à Israël ou à qui que ce soit.
L’histoire jugera. Mais en attendant, ce sont les Français — et parmi eux, les Français juifs — qui en paient le prix, chaque jour un peu plus lourd.
Alain SAYADA pour Israel Actualités