TRIBUNE – L’Iran ne cherche plus la dissuasion : il prépare la rupture stratégique
Par Alain Sayada
Il faut cesser l’hypocrisie stratégique. Ce que développe aujourd’hui l’Iran n’est plus un simple arsenal défensif destiné à dissuader ses adversaires. C’est une doctrine de rupture, pensée pour contourner les lignes rouges internationales et tester la capacité d’Israël à survivre dans un environnement radicalement déstabilisé.
Au cœur de cette stratégie se trouvent les Gardiens de la Révolution islamique, véritables architectes de la militarisation idéologique du régime. Ils ne sont pas une armée classique, mais une structure politico-militaire révolutionnaire, dont l’objectif n’est pas l’équilibre, mais la confrontation prolongée, asymétrique, totale.
Une logique d’encerclement, pas de dissuasion
Depuis des années, Israël fait face à une menace circulaire :
- au nord, le Hezbollah lourdement armé,
- au sud, le Hamas et le Jihad islamique,
- à l’est, les milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak,
- au loin, un Iran balistique qui teste sans cesse les seuils de tolérance.
Cette architecture n’a rien de défensif. Elle vise à saturer les capacités israéliennes, à user le front intérieur, à normaliser la violence permanente. L’Iran ne cherche pas la victoire éclair : il vise l’épuisement stratégique d’Israël.
Chimique, biologique, nucléaire : le même tabou, la même tentation
La question des armes chimiques et biologiques ne doit pas être traitée naïvement. Même en l’absence de preuve publique d’ogives opérationnelles, le simple fait que cette hypothèse soit jugée crédible dans certains cercles du renseignement constitue un signal d’alerte majeur.
Pourquoi ?
Parce que le régime iranien a déjà démontré qu’il est prêt à :
- violer l’esprit des traités internationaux,
- instrumentaliser le flou juridique,
- exploiter les zones grises pour avancer sans déclencher de riposte immédiate.
Dans la doctrine iranienne, l’arme non conventionnelle n’est pas nécessairement destinée à être utilisée ; elle sert d’abord à contraindre l’adversaire à vivre sous la menace permanente de l’inacceptable.
Israël face à un choix historique
Israël n’a jamais eu le luxe de l’erreur stratégique. Son histoire l’a appris dans le sang : les menaces existentielles doivent être prises au mot, surtout lorsqu’elles émanent d’un régime qui appelle explicitement à sa destruction.
Face à l’Iran, Israël doit :
- Maintenir une supériorité militaire totale, y compris dans le renseignement NRBC.
- Préserver sa liberté d’action préventive, sans dépendre d’agendas occidentaux fluctuants.
- Faire comprendre sans ambiguïté qu’aucune escalade non conventionnelle ne restera sans réponse écrasante.
La dissuasion israélienne repose sur un principe simple : celui qui menace notre existence doit savoir qu’il met en jeu la sienne.
L’Occident face à sa propre cécité
Pendant que l’Iran avance, l’Europe débat. Pendant que les Gardiens de la Révolution testent les limites, certains diplomates évoquent encore une hypothétique « modération possible ». Cette cécité stratégique n’est pas seulement dangereuse pour Israël — elle l’est pour l’ordre international tout entier.
La question est désormais posée : quelle sera la réaction des Européens, et notamment celle de la France, représentée par son président Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères, qui se sont pourtant montrés en première ligne pour stigmatiser Israël et, trop souvent, les Juifs de France depuis le pogrom du 7 octobre ?
Quelle sera leur réponse face à ces réalités stratégiques ? Le silence persistant interroge.
Antisémitisme : l’épreuve de vérité française
Rappelons-le : le président de la République avait refusé de participer à la grande marche contre l’antisémitisme. À l’initiative de Serge Klarsfeld, une nouvelle manifestation contre l’antisémitisme est prévue le 27 janvier 2026. Un courrier a été adressé au président pour l’y inviter. À ce jour, aucune réponse de l’Élysée.
Cette invitation constitue pourtant une seconde chance, un moment de vérité. Mais, une fois encore, silence radio.
Conclusion : Israël ne peut pas attendre
Israël ne cherche pas la guerre. Mais Israël ne peut pas se permettre d’attendre qu’elle lui soit imposée sous une forme irréversible.
L’Histoire jugera sévèrement ceux qui auront confondu prudence et aveuglement.
Face à un régime qui fait de la destruction d’Israël un objectif doctrinal, la vigilance n’est pas une option : c’est une obligation morale et stratégique.
Alain Sayada
Pour Israël Actualités






