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Oradour-sur-Glane: non-lieu de la justice allemande pour un ancien SS

La justice allemande a renoncé mardi faute de preuves à juger un ancien SS soupçonné d’avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane (France) pendant la Deuxième guerre mondiale, rendant très improbable la tenue d’un nouveau procès en Allemagne.

 « A ce jour, personne d’autre n’est susceptible d’être mis en accusation, d’une façon ou d’une autre », a expliqué à l’AFP Andreas Brendel, procureur général de l’Office central chargé d’enquêter sur les crimes nazis, qui mène depuis quatre ans les investigations sur Oradour.Le magistrat, « stupéfait » du non-lieu accordé au suspect de 89 ans par le tribunal de Cologne (ouest), dispose d’une semaine pour faire appel.
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« Bien sûr, il faut d’abord que j’étudie cette possibilité quand j’aurai les documents », a poursuivi le procureur, qui dit avoir appris la décision par la presse.Selon un communiqué du tribunal, « les éléments de preuves disponibles ne permettent pas a priori de contredire » la défense de l’ancien nazi, âgé de 19 ans à l’époque du massacre en juin 1944 de 642 personnes, dont plus de 450 femmes et enfants, par l’unité SS à laquelle il appartenait, dans ce village de Haute-Vienne (ouest de la France).Werner Christukat avait été inculpé début janvier pour le « meurtre en réunion » de 25 personnes et pour « complicité de meurtres » concernant des centaines d’autres victimes, au cours de la pire exaction commise en France par l’armée allemande pendant la Deuxième guerre mondiale.L’ancien militaire était soupçonné d’avoir abattu à la mitrailleuse 25 hommes rassemblés dans une grange, avec un autre membre du régiment Der Führer de la division blindée SS Das Reich. Les survivants avaient été achevés d’une balle de pistolet ou étaient morts dans l’incendie de la grange à laquelle des soldats avaient mis le feu.L’octogénaire a toujours reconnu s’être trouvé sur les lieux, mais sa présence « ne peut être considérée comme une complicité de meurtres », a souligné le tribunal. Le suspect affirme s’être contenté de monter la garde près des véhicules, assurant même avoir « sauvé la vie de deux femmes » en leur conseillant de « retourner dans la forêt ».- ‘Le courage de raconter’ – Les magistrats de Cologne, chargés de décider de l’existence de charges suffisantes pour le renvoyer devant une cour, ont estimé que sa participation au massacre ne pouvait être établie. Ils relèvent en particulier qu’aucun des témoins entendus pendant l’enquête n’a mis en cause le suspect. »Je suis désabusé (…) Il est impossible même pour nous, survivants, d’identifier formellement ce monsieur comme ayant été à la grange », a réagi Robert Hébras, 89 ans, qui a survécu au massacre et aurait voulu que l’ancien SS « ait le courage de raconter » ce qu’il faisait à Oradour.Les juges rejettent également une liste fournie par le parquet, selon laquelle Werner Christukat était chargé ce jour-là de tirer à la mitrailleuse. A leurs yeux, ce document est « incomplet » et comporte assez de différences avec les témoignages pour susciter des « doutes importants » sur sa validité.Les investigations sur le massacre avaient été relancées en octobre 2010, après la découverte par un historien d’un document tiré d’une enquête de la Stasi (les services secrets d’ex-RDA). Il apportait notamment le témoignage d’un ancien SS présent à Oradour, révélant cette phrase lancée aux troupes par l’un des chefs avant la tuerie: « Aujourd’hui, le sang doit couler ».Le parquet, qui concentrait ses soupçons sur six anciens militaires mais n’a inculpé que M. Christukat, s’était d’emblée montré prudent sur la perspective d’un procès, tant les preuves sur ces faits anciens étaient difficiles à rassembler.Le principal procès sur le massacre d’Oradour a eu lieu en France, en 1953. Le tribunal militaire de Bordeaux avait jugé 21 soldats pour leur participation présumée à la tuerie, dont une majorité de Français d’Alsace enrôlés de force dans l’armée allemande, prononçant des condamnations à mort et des peines de travaux forcés.Mais les Français furent amnistiés au nom de la réconciliation nationale et les autres bénéficièrent d’aménagements de peine.Condamné à mort par contumace à Bordeaux, l’ancien officier Heinz Barth a été rejugé à Berlin Est en 1983 et condamné à perpétuité. Il avait reconnu avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur les hommes du village et en avoir personnellement tué « douze ou quinze ».

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