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Transmission. Par Susan Hofen

prix olivierLa remise du prix Edmond Tenoudji par le Fonds Social Juif unifié (F.S.J.U.) a pour vocation, depuis 1988, de récompenser et honorer des institutions ou personnalités qui se sont illustrées dans le domaine de l’éducation juive.

Le prix de cette année n’a pas dérogé à cette règle en mettant en valeur des personnalités qui constituent des piliers en ce domaine, le Grand Rabbin Olivier Kaufmann, directeur du séminaire rabbinique et Grand Rabbin de la place des Vosges, d’une part, le Rav Yaacov Monsonégo et son épouse Yaffa, de l’Ecole Ohr Torah de Toulouse, d’autre part.

Les personnalités sont venues en nombre pour assister à cette cérémonie, organisée par Jo Amar et sa collaboratrice Brigitte Malka.

Aux côtés d’Ariel Goldmann, Président du F.S.J.U. et hôte de cette soirée, étaient notamment présents Simon Bokobza, le rabbin Claude Sultan, Perry et Sidney Tenoudji, Jo Tolédano et Armand Lévy (membres du jury Tenoudji), le Grand Rabbin de Paris Michel Gugenheim, le Président des Consistoires Joël Mergui, Maître Elie Korchia Vice- Président du Consistoire, le Grand rabbin Goldmann, Samuel Sandler et Michel Gurfinkiel, membres de la CA du SIF, le Grand rabbin Nezri, Richard Odier Vice-Président du B.N.V.C.A. et secrétaire Général du Centre Simon Wiesenthal France, Brigitte Gurfinkiel Secrétaire Générale de la communauté de Vauquelin, Arthur Schemba Responsable GL EI de la Place des Vosges, Yoel Button élevé rabbin au SIF, des élus dont Vincent Roger, Elu du 4ème Arrondissement,  Philippe Allouche Directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Jacky Fredj Directeur du Mémorial de la Shoah, Hélène Bernard, Recteur de Toulouse, de nombreux directeurs d’écoles juives.

Le Président Ariel Goldmann, après avoir annoncé, non sans fierté, son lien de parenté avec le Grand Rabbin Kaufmann, dont il est cousin, a souligné que les lauréats de cette cérémonie avaient pour point commun leur apport
immense à la communauté juive dans le domaine de l’éducation, rendant ainsi hommage à leurs illustres familles respectives.

Avant la présentation des lauréats de cette année, le F.S.J.U. a tenu à rendre hommage auparavant, par la voix du Rabbin Josy Eisenberg (lui-même lauréat du prix en 2006), au lauréat 2007, le Professeur Beno Gross, qui nous a quittés en août 2015. IMG_7475

Beno Gross a été un des maîtres de la pensée juive contemporaine. Avant de rejoindre Israel en 1969, il avait créé  en 1948 l’école Akiba à Strasbourg. Spécialiste de la pensée du Maharal de Prague, penseur juif du 16e siècle.

Le Rabbin Josy Eisenberg lui a rendu hommage en soulignant sa vocation de pédagogue, ce fils de la droiture («Benjamin ») grand par ses connaissances, sa pédagogie et son âme de militant (« Gross »).

Les lauréats ont ensuite été présentés, par divers témoignages de personnalités qui les ont côtoyés et d’anciens élèves.

Le Grand Rabbin Kaufmann marque ceux qui l’approchent par, outre ses nombreuses autres qualités, sa capacité extraordinaire à transmettre, qui fait de lui une « figure de la jeune génération de rabbins et d’éducateurs de notre époque » (Rabbin Claude Sultan).

Pour Daniel Elalouf, Trésorier du F.S.J.U. qui intervenait en tant que parent d’élèves, un grand éducateur se définit par trois critères : l’amour des enfants, la transmission des valeurs, l’incarnation de ces valeurs, critères remplis par le Grand Rabbin Kaufmann.

Et de citer pour exemple son habitude, à la fin de chaque Talmudei Torah, de raccompagner chacun des enfants à leurs parents, car pour lui sa mission ne s’achève qu’à ce moment.

Joel Mergui, pour sa part, voit chez le Grand Rabbin Kaufmann un bel exemple de réussite de la transmission. Transmission fondamentale dans le judaïsme, particulièrement aujourd’hui. Cette transmission par l’éducation peut
revêtir deux visages : l’école juive ou le Talmudei Torah. Un enfant juif doit passer par l’une ou l’autre de ces éducations. La force du Rabbin Kauffmann est d’avoir réussi à faire du Talmudei Torah une autre école juive.

Pour exemple, le soin mis par le Grand Rabbin dans l’organisation chaque année de la commémoration de la Shoah au Mémorial de la Shoah. Un soin méticuleux dans la transmission de ce qui a été et le refus de céder à la facilité ou aux exigences du chronomètre. Son respect pour chacun de ses élèves le poussant ainsi à s’assurer que le travail de chacun d’eux soit vu et écouté, peu important le temps que cela doit prendre.

Pour le Grand Rabbin de Paris Michel Gugenheim, un rabbin est à la fois un ministre du culte, un confident, un consultant, un communicant. Mais avant tout un enseignant. Et le Grand Rabbin Kauffmann excelle aussi en ce
domaine, qu’il s’agisse des enfants ou des adultes.

Ce ne sont pas ses anciens élèves Clara Bergheimer et Oren Aubart qui démentiront ces propos. Des témoignages très touchants de leur part sur l’influence qu’aura eue sur leur vie le Grand Rabbin Kauffmann.IMG_7489

Pour présenter Yaffa et Yaacov Monsonégo, le F.S.J.U. a fait appel à Pierre Lasry, Président de l’association des parents d’élèves d’Ohr Torah, Jo Tolédano, qui a fait séjour dans cette école, et présenté un film dans lequel des amis, élèves et professeurs sont venus témoigner.

Yaffa et Yaacov Monsonégo sont à la tête de l’école juive Ohr Torah de Toulouse créée en 1991.

Pour Pierre Lasry, récompenser ce couple était évident car il a « propulsé quelques générations de jeunes vers la réussite scolaire, personnelle, intellectuelle, conjugale, spirituelle et professionnelle. »

Jo Tolédano a d’abord été surpris par la joie de vivre de cette école, malgré la barbarie qui l’a frappée en 2012, et qui a entraîné après la folie meurtrière de Merah, la mort de, notamment, Miriam, la fille de Yaffa et Yaacov Monsonégo.

Puis la visite de cette école lui a rappelé ce qui lui paraît essentiel : « Vous avez l’obligation d’être riches en tant que jeunes juifs. Nous ne pouvons pas dire que nous faisons partie des gens qui n’ont pas d’héritage. Nous avons reçu un héritage important et nous en sommes responsables. Et l’apprentissage est fait pour le découvrir et l’approfondir. »

Cette école a pour particularité de faire preuve d’une grande ouverture – tous les enseignants en charge des sujets profanes sont des non-juifs -, et de ne pas mettre de barrière en fonction de la couleur religieuse.

« Ce qui compte le plus pour moi, c’est d’être sûre que j’apprends à un élève quelque chose qu’il ne sait pas. Ce qui compte le moins pour moi, c’est de savoir si l’élève fait shabbat, s’il mange cacher ou pas. Je ne lui pose pas la question. » (Yaffa Monsonégo)

Le « projet de vie » de Yaacov Monsonégo était de construire l’enfant.

Les mots qui reviennent le plus dans les témoignages concernant les époux Monsonégo, ce sont : exigence, écoute, gentillesse, famille, ouverture.

Le respect de l’enfant, aussi.

Respect, c’est d’ailleurs par ce mot qu’on pourrait résumer cette soirée, l’assistance ayant chaleureusement félicité les lauréats, après la remise de leur prix par Perry Tenoudji.

Respect est également le mot qui m’est venu à l’esprit à l’issue de cette soirée.

On parle beaucoup de la nécessité de transmettre notre patrimoine. Mais on ne sait pas toujours comment.

Je dois avouer que les témoignages entendus ce soir sont venus démonter des a prioris qui m’étaient malheureusement restés.

L’éducation juive ne se ramène pas à enseigner les préceptes religieux. À apprendre les textes fondateurs. Les règles.

Au rebours de ce que je croyais, l’esprit de la religion juive a un autre but : éveiller, former, construire l’esprit. Lui apprendre à réfléchir. Décortiquer en cours un texte de la Torah n’a nullement pour objectif de s’assurer que l’élève saura le répéter. Mais bien de l’amener à réfléchir sur son sens. A la possibilité d’en extraire l’essence pour l’appliquer à la vie, aux autres. Constituer une morale, nullement destinée à enfermer sur soi, mais vers le monde et la société civile.

J’ai été étonnée d’apprendre, ainsi, que des non juifs pouvaient non seulement enseigner dans une école juive, mais aussi en retirer un bénéfice spirituel.

Je me suis sentie aussi extrêmement humble lorsque j’ai vu la ferveur qui animaient toujours les époux Monsonégo, malgré la perte de ce qui leur était le plus cher.

En réalité, j’ai réalisé que je ne savais pas grand chose.

Et que j’ai estimé à tort pouvoir me dispenser des enseignements qu’il m’a été donné de voir ce soir et me demande s’il est encore temps d’user des bancs de ces écoles magnifiques de la vie.

Susan Hofen pour Israël Actualités.

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