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Un mois après les attentats, ce qui a changé en France

Paris, 4 fév 2015 (AFP) – Sécurité renforcée, popularité retrouvée pour
François Hollande mais aussi craintes accrues des Juifs et des musulmans: ce
qui a changé un mois après les attentats qui ont fait 17 morts en région
parisienne du 7 au 9 janvier.

– Des nouvelles mesures de sécurité –
Relevé le jour-même de l’attaque contre Charlie Hebdo à son niveau le plus
élevé en Ile-de-France, le plan Vigipirate mobilise des milliers de policiers
et gendarmes pour surveiller les édifices sensibles, notamment les lieux de
culte. Il mobilise également près de 10.500 militaires sur le territoire
national.
Deux semaines après, Manuel Valls a annoncé un renforcement de plus de
2.600 emplois dédiés à la lutte contre le terrorisme, avec une rallonge de 425
millions d’euros sur trois ans pour améliorer les équipements des forces de
l’ordre, du matériel informatique aux casques et gilets pare-balles.
Parallèlement, la Défense supprimera 7.500 postes de moins que prévu sur
2015-2019.
Le gouvernement souhaite également le vote d’ici l’été d’un projet de loi
sur le renseignement pour permettre notamment la « sonorisation » (mise sur
écoutes) des lieux privés où agissent des suspects d’attentats et l’accès à
leurs données informatiques.
Sur le plan européen enfin, Paris cherche à « obtenir des avancées » sur les
contrôles aux frontières extérieures de l’UE et les échanges de données sur
les passagers aériens.

– L’image de l’exécutif renforcée –
Tombée depuis plusieurs mois à des niveaux historiquement bas, la cote de
popularité de l’exécutif a connu une brusque embellie – grimpant de 20 points
selon certains instituts de sondage – profitant du sentiment d’unité nationale
et de « l’esprit du 11 janvier » porté par les millions de manifestants qui ont
défilé dans toute la France contre le terrorisme.
Mais cet élan reste à confirmer sur le terrain miné du chômage et de la
reprise économique. Il pourrait aussi aviver la rivalité entre le président
Hollande et son Premier ministre Manuel Valls dans la perspective de la
présidentielle de 2017, le second étant donné largement vainqueur dans
l’hypothèse d’un duel au second tour face à la présidente du Front national
Marine Le Pen.

– L’inquiétude des Juifs de France –
L’attentat au supermarché casher a provoqué une nouvelle onde de choc dans
la troisième communauté juive du monde, forte d’un demi-million de membres, et
au-delà. Les responsables communautaires ont observé avec soulagement les
grandes marches républicaines. Mais « beaucoup de gens sont persuadés que s’il
n’y avait eu que l’Hyper Cacher, et pas la tuerie visant des journalistes et
la liberté d’expression, il n’y aurait pas eu cette mobilisation, et ils le
déplorent », confie Moché Lewin, rabbin au Raincy (Seine-Saint-Denis).
Les fidèles et usagers des synagogues, écoles juives et centres
communautaires ont dû s’habituer au déploiement de milliers de policiers,
gendarmes et soldats devant ces lieux. Mais ils s’inquiètent déjà de
l’allègement inévitable du dispositif, alors que la hausse des actes
antisémites, qui ont doublé en 2014 par rapport à 2013, constitue une tendance
de long terme. Les chiffres de l’aliyah, l’émigration des Juifs vers Israël
qui a atteint un niveau record l’an dernier et devrait poursuivre sa hausse en
2015 (10.000 départs attendus), seront scrutés de près dans les prochains
mois.

– Les « représailles » contre les musulmans –
Après une année 2014 de reflux des actes antimusulmans, le climat
post-attentats a eu un effet tangible sur les actions (jets de grenades à
plâtre, tirs de pistolet à grenaille) et menaces (inscriptions, insultes,
slogans nazis) visant mosquées et croyants, qui ont flambé: 128 faits
officiellement recensés en deux semaines, soit presque autant que sur toute
l’année 2014.
« Un sommet dans la haine », s’est lamenté l’Observatoire contre
l’islamophobie. « Des représailles » contre des citoyens français, s’est
insurgée une autre association.
Les représentants de la première minorité musulmane d’Europe (3,5 à 5
millions de fidèles) saluent les appels des autorités à ne pas céder à
« l’amalgame » entre islam et jihadisme. Mais ils pointent une forme d' »hystérie
collective » dans la prompte réaction des autorités publiques et des médias
révélée par certaines affaires, comme la brève audition au commissariat d’un
enfant de huit ans s’étant dit solidaire des tueurs de Charlie Hebdo.

– Où (en) est Charlie? –
Le prochain numéro paraîtra le 25 février, mais « il va falloir reconstituer
une équipe » et trouver de nouveaux locaux, indique Eric Portheault, cogérant
de Charlie Hebdo. La rédaction endeuillée est hébergée par le quotidien
Libération et la plupart des rescapés vivent sous la protection de gardes du
corps.
L’attentat contre l’hebdomadaire, qui a fait douze morts, a par ailleurs
redonné un coup de fouet aux finances du journal, désormais dirigé par le
dessinateur Laurent Sourisseau, alias Riss. En novembre, Charlie Hebdo, qui ne
vendait que 28.000 exemplaires par semaine, avait lancé un appel aux dons pour
survivre. Son « numéro des survivants » a déjà été tiré à plus de 7,3 millions
d’exemplaires. A ce jour, Charlie Hebdo a également recueilli près de 2,4
millions d’euros de dons de plus de 30.000 personnes sans compter les aides du
ministère de la Culture ou de Google. Il a également dépassé les 200.000
abonnés, contre 10.000 avant le 7 janvier. En tout, le journal pourrait
recueillir près de 30 millions d’euros

– Les médias sanctionnés? –
De la diffusion d’images de policiers à la traque, en passant par les
prises d’otages, les assauts ou le dénouement, les médias audiovisuels ont-ils
commis des « manquements » dans la couverture des attentats de Paris? Le Conseil
supérieur de l’audiovisuel (CSA) a reçu une quarantaine de responsables des
chaînes TV et des radios pour disséquer leur couverture des attentats et se
prononcera sur d’éventuelles sanctions dans la première quinzaine de février.

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