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Israël/Elections J-40: « Eux ou nous »

Les ennuis de Netanyahou; le faux-pas de Bennett; le tandem Herzog/Livni marque le pas

La plupart des correspondants politiques israéliens se plaignent d’en souffrir. Deux mois se sont écoulés depuis que le Premier ministre a décidé de lancer le pays dans sa troisième aventure électorale en 6 ans, et la campagne a déjà produit sa juste part de scandales, de brouhahas, de tapages et d’analyses.

Tout a commencé avec le mariage étrange entre Yitzhak Herzog du Parti travailliste et Tzipi Livni de HaTnua, qui a donné naissance à l’Union sioniste. Le scandale de la corruption au sein du parti d’Avigdor Lieberman, Israel Beitenou, et le fiasco du dépouillement des votes aux primaires du Likoud ont suivi. Et que dire du parti séfarade religieux Shas, qui fait campagne sans chef spirituel pour la première fois depuis sa création en 1984, disant au revoir à son chef Eli Yishai, qui a claqué la porte en piquant une colère et formé son propre parti. Les partis arabes se sont, pour la première fois dans l’histoire, unis pour présenter une liste commune. Et l’unique but que le chef du parti Foyer juif Naftali Bennett a pour sa part marqué, soit le recrutement d’Eli Ohana, a fini dans son propre filet lorsque l’icône du football s’est avérée ne pas correspondre exactement au profil de son parti national-religieux, ce que ses partisans n’ont pas tardé de lui faire comprendre. Et tout cela est arrivé avant même que les scandales entourant la famille Netanyahou ne commencent à accaparer l’ordre du jour.

Les faux pas dont on accuse Netanyahou et la mauvaise conduite présumée de sa famille ont dominé le débat pendant des jours avec menus détails étayant les goûts luxueux à la résidence du Premier ministre – bouteilles de vin rouge, arrangements floraux, bougies parfumées et meubles de jardin – vont probablement continuer à avoir des répercussions au cours des deux prochaines semaines. Le contrôleur de l’Etat devrait en effet publier un rapport sur les allégations de détournements de fonds publics à la résidence officielle des Netanyahou.

Toutes ces histoires – certaines étant des accusations criminelles et d’autres des ragots, des demi-vérités et des manipulations médiatiques – détournent le débat public des questions importantes et essentielles ayant un impact réel sur la qualité de vie israélienne, mais créent une atmosphère frénétique avec gros titres à la clé. Oubliés les problèmes de sécurité ou le coût de la vie: la corruption est le dernier hit et plus les détails sont croustillants, mieux c’est. Cela engendre un sentiment général d’épuisement, d’aliénation, voire même de répulsion. Pourtant, 42 jours avant le 17 mars, il reste un très long chemin à parcourir.

2. Des ennuis au paradis

Et que dire de Naftali Bennett le » hipster » et de Netanyahou le “Bibisitter”? Depuis le début de la campagne, les partis ont courtisé les électeurs avec des vidéos théâtrales faisant preuve d’une créativité hors du commun, mais c’est seulement cette semaine qu’ils ont commencé à présenter leurs plans réels pour s’attaquer aux problèmes du pays. Ainsi, l’Union sioniste a dévoilé un ambitieux plan de justice sociale portant sur les questions économiques, de santé, d’éducation. Cependant, la lune de miel du premier couple de ces élections semble loin d’être facile. La plate-forme a été élaborée par le professeur Manuel Trajtenberg, numéro onze sur la liste de Herzog/Livni et candidat au poste de ministre des Finances. Son plan a été reçu plutôt froidement par les membres du Parti travailliste et ce après que deux semaines plus tôt, Trajtenberg se soit fait remarquablement huer lors d’un congrès du parti.

Dans une tentative de contester la thèse du “Roi Bibi” selon laquelle il n’y a pas d’alternative possible à Netanyahou, Livni et Herzog ont essayé de renforcer leur liste commune avec des figures d’envergure. Ils ont, comme le veut l’expression israélienne, “parachuté” Trajtenberg et l’ancien général de Tsahal Amos Yadlin dans l’espoir de fonder une équipe d’élite pouvant être perçue comme un véritable défi posé à Netanyahou. Mais comme ce fut le cas avec l’accueil glacial réservé à Trajtenberg, les membres du Parti Travallliste s’interrogent également quant à l’arrivée de Yadlin en tant que “personnalité sécuritaire ». Ils ont fait remarquer que lors du dernier incident à la frontière nord, ses positions n’étaient pas si différentes de celles exprimées par leurs rivaux de droite. De plus, même si Livni et Herzog ont une bonne alchimie, leur siège de campagne commun manque de synergie. Des rapports font souvent état de leurs désaccords et de leurs frictions. Des sources anonymes ont critiqué l’atmosphère de capitulation et le défaitisme qui planent au dessus de la campagne. Herzog et Livni ont été quelques semaines en tête des sondages, mais le vent semble tourner et ils doivent trouver un moyen de remettre leur mariage sur les rails.

3. Les chiffres ne s’additionnent pas

Quoi qu’il en soit, le scénario d’une coalition formée par Herzog et Livni est à la dérive de sondage en sondage. Même s’ils finissent par gagner leur bataille au coude à coude avec Netanyahou, l’arithmétique – et la logique – ne dressent pas un tableau positif en leur faveur. Les partis religieux ultra-orthodoxes et Yair Lapid, centriste et résolumment laïque, ne sont pas les meilleurs amis du monde, c’est le moins qu’on puisse dire. Ils sont peu susceptibles de s’asseoir ensemble autour de la table du Conseil des ministres. Cette semaine, Avigdor Lieberman a rappelé que son parti nationaliste Israel Beitenou n’accepterait pas de faire partie d’une coalition avec le parti de gauche Meretz, réduisant les chances de l’Union sioniste d’accumuler suffisamment de votes des autres partis pour permettre au président israélien de lui donner le feu vert pour former un gouvernement. À moins d’un changement spectaculaire, c’est Netanyahou qui a probablement les meilleures chances de former le prochain gouvernement, qu’il soit d’extrême droite ou d’union nationale. L’Union sioniste claironne “c’est nous ou lui” comme slogan de campagne, et le Likoud répond avec avec « c’est moi ou eux ». À regarder l’état actuel de la situation, ils sont susceptibles de se retrouver coincés ensemble, dans un gouvernement de «nous ET lui et moi ET eux. »

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