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La délégitimisation d’Israël : Une passion française

 

La délégitimisation d’Israël : Une passion française

Ce n’est pas nouveau mais c’est à désespérer quand-même. Jean-Christophe Cambadélis, Premier Secrétaire du Parti Socialiste, déclarait dimanche 8 février dernier sur Radio J « On identifie la communauté juive à Israël et on identifie les musulmans à Daech. C’est le même raisonnement ». Quelques secondes plus tard, à la demande de Frédéric Haziza qui le recevait, M. Cambadelis rectifiait le tir en précisant qu’il ne mettait aucunement Israël et Daesh sur le même plan.

Devant la reprise de ses propos par des députés de l’opposition, M. Cambadélis s’est quand-même fendu de quelques tweets le jour même pour réaffirmer qu’il ne comparait pas Israël et Daesh.

C’est heureux, mais c’est trop tard

Une maladresse ? Possible. Mais le fait est qu’il a bel et bien comparé Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, et Daesh un groupe islamo-terroriste dont on connaît la dangerosité de la politique totalitaire et l’abjection des crimes. Ce faisant et même si ce n’était pas l’effet recherché, il délégitimise Israël.

Ce n’est pas nouveau, mais ça donne quand-même la nausée.

En avril 2012, Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), adoubée par Eva Joly, déclarait que « Gaza est un camp de concentration à ciel ouvert ». La référence est indigne.

On rappellera que deux semaines auparavant, Merah assassinait 3 soldats et 4 civils juifs dont 3 enfants d’une balle dans la tête tirée à bout touchant et qu’il le justifiait par solidarité avec les arabes-palestiniens.

C’est aussi la justification qu’a donné Coulibaly après avoir tué 4 clients juifs de l’hyper-cacher de la Porte de Vincennes en janvier dernier.

En 2010, un vieil homme méprisable focalisait son indignation sur Israël uniquement (pas un mot sur l’Iran, la Corée du Nord, la Turquie, le Soudan, la Chine…) et croyait pouvoir justifier ses postures morales par sa prétendue ascendance juive et sa mensongère « participation » à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Les deux sont faux. Quelle imposture.

Depuis 2005 les campagnes de boycott des produits israéliens fleurissent régulièrement. Non seulement illégales en droit français, elles sont également parfaitement contreproductives puisque les produits boycottés sont fabriqués dans des usines dont la quasi-majorité des ouvriers sont arabes-palestiniens. Ainsi, ceux qu’elles sont censées protéger sont les premiers à en pâtir.

Surenchérissant, les mêmes boycottent les artistes, les sportifs et les universitaires israéliens dont la plupart sont, à tout le moins, apolitiques quand ils ne sont pas franchement opposés à la politique dénoncée par les boycotteurs. Ce qui prouve, s’il en était encore besoin, que c’est bien Israël en tant qu’Etat et non tel gouvernement que ces derniers combattent.

Or, en Israël et contrairement à ce qu’enseigne la doxa médiatique française, il n’y a ni apartheid, ni dhimmis. Les citoyens israéliens, quelle que soit leur religion, ont les mêmes droits : Des généraux druzes combattent au sein de l’armée israélienne, des juges arabes siègent à la Cour Suprême. Comble de la démocratie, des députés arabes à la Knesseth promeuvent et soutiennent régulièrement le Hamas dont l’objectif avoué est la destruction d’Israël. Pour l’anecdote, la belle-mère, la fille et la petite-fille d’Ismaïl Haniyeh, un des leaders du Hamas, ont toutes été soignées dans des hôpitaux israéliens quand ce dernier appelait tous les jours à détruire Israël. Voilà pour le « monstre » israélien.

Daesh (ou Etat islamique), cet Etat auto-proclamé, ne reconnaît qu’une seule catégorie de personnes dignes de vivre : Les sunnites. Et encore, les jihadistes. Le reste de l’humanité n’a pas le droit de cité. Le rôle des femmes est clairement énoncé : Marier les filles dès 9 ans, idéalement à 16 ou 17 ans, ne pas les autoriser à avoir un métier et leur enseigner la couture et la cuisine, limiter l’éducation à l’apprentissage de la sharia, du Coran et de l’arabe, et les cacher de la société sous un voile… C’est la vision de la femme que donne le document « Femmes de l’Etat islamique », par la brigade Al-Khanssaa.

Le reste du programme politique, on le connaît déjà : Viols en masse, mise en esclavage notamment sexuel des minorités Yazidis – quand elles ne sont pas tout simplement liquidées – hommes, femmes, enfants enterrés vivants, décapitations, égorgements, crucifixions sur un panel de victimes varié, chiites, chrétiens, juifs, kurdes, apostats et mécréants en tous genres, on ne sait que choisir. Les dernières victimes tristement médiatisées de ses fanatiques islamistes : Deux japonais égorgés (un humanitaire et un journaliste) et un pilote jordanien brûlé vif après l’avoir enfermé dans une cage métallique.

Il faut comparer ce qui est comparable. Ce n’est pas le cas en l’espèce. Mais le mal est fait et il se diffuse tous les jours un peu plus à travers cette indignation à géométrie variable de la gauche et de l’extrême gauche.

En délégitimant Israël, en l’essentialisant comme Etat Juif, en réalisant un traitement de l’information différencié pour Israël et les arabes-palestiniens, en laissant les propos antisémites exprimés en salle de classe, les médias et les gouvernements successifs ont réussi le tour de force de libérer la parole antisémite comme on ne l’avait plus entendue depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Sans quitter l’extrême-droite, l’antisémitisme a réalisé sa révolution copernicienne pour atteindre l’extrême-gauche et consorts, les libertaires, les altermondialistes.

Ceux-là mêmes qui se fichent comme d’une guigne du sort des centaines de milliers d’arabes-palestiniens violemment discriminés au Liban ; qui ne s’émeuvent pas plus des 200.000 morts syriens, ni des attentats terroristes quotidiens en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Yémen ; qui ne s’offusquent en rien des centaines d’adolescentes enlevées par Boko Haram.

Mais ce sont pourtant les mêmes qui défilent dans les cortèges où l’on crie « Morts aux Juifs » quand il s’agit de soutenir les arabes-palestiniens.

A banaliser l’antisémitisme derrière les atours de « l’antisionisme », de la lutte contre un prétendu impérialisme, au nom d’une solidarité hypocrite ou d’un « humour » abject, on libère la haine de ceux qui déjà ne respectaient plus grand-chose.

Car c’est bien là où nous en sommes arrivés : Antisionisme ne signifie rien d’autre qu’antisémitisme !

Et quand crier ne suffit plus, on tue. A Toulouse, à Bruxelles, à Paris. On tue en criant « Allahou Akbar », en se revendiquant de Daesh ou d’Al Qaida et pour « venger » le « prophète » ou les arabes-palestiniens.

Il faut avoir le courage de sortir de cette léthargie mortifère et oser affronter ce danger, tant par la pédagogie à l’école, dans les associations de quartier, au sein des familles que par l’application rigoureuse de la loi.

Il faudra que le gouvernement fasse preuve de détermination et de fermeté et ancre les valeurs de la République au-dessus des considérations électorales.

C’est aussi cela le prix de la liberté.

Source : HuffingtonPost, par Oudy Bloch, avocat aux Barreaux de Paris et de New-York en droit pénal, propriété intellectuelle et droit des contrats.

 

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