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Les archives disparues des Juifs de Lituanie revivent sur la toile (MAGAZINE)

Vilnius, 5 mars 2015 (AFP) – Cachés pendant plus de 70 ans dans les
sous-sols d’une église catholique de Vilnius, des milliers de manuscrits de la
communauté juive lituanienne ont survécu à l’Holocauste et la répression de
Staline pour retrouver aujourd’hui la lumière du jour.
Parmi eux, la pièce de théâtre d’un célèbre dramaturge juif, Jacob Gordin,
datant du XIXe siècle. Bruni par le temps, le manuscrit de quinze pages, en
yiddish, transcrit en caractères latins, porte encore le sceau à la cire rouge
des censeurs du tsar.
« L’oeuvre de Gordin, « Mirele Efros », était une pièce en yiddish très
populaire. Un théâtre en a envoyé une copie (à la censure tsariste) pour
obtenir la permission de la mettre en scène », explique l’historienne
lituanienne Lara Lempertiene, penchée sur un tas de documents anciens qui ont
survécu miraculeusement aux cataclysmes du XXe siècle.
Grâce à un bibliothécaire courageux, le manuscrit de cette pièce surnommé
parfois le Roi Lear juif, a été sauvé de la destruction avec des milliers
d’autres documents en yiddish et hébreu, dont le contenu reste encore
largement à redécouvrir.
Des milliers d’autres documents avaient pu être envoyés aux Etats-Unis
avant que l’Holocauste ne décime l’importante communauté juive de Lituanie.
Equipés de brosses, gommes et colles, les archivistes lituaniens
s’appliquent à rendre ces documents numérisables. L’objectif de ce projet mené
sous l’égide de l’institut de recherches juives YIVO est de mettre en ligne
d’ici sept ans un million et demi de documents témoins d’un passé disparu, qui
se trouvent actuellement à Vilnius et à New York.
« Dans les années 1920 et 1930, tous ces documents étaient réunis à Vilnius.
Ils constituaient un tout, avant d’être dispersés d’abord par les nazis et
ensuite par les Soviétiques », a indiqué à l’AFP Jonathan Brent, le directeur
exécutif d’YIVO, contacté par téléphone à New York.
« Avec l’aide du gouvernement et des institutions lituaniennes nous
travaillons à réunir cette collection sous forme numérique », a-t-il précisé.
Le financement du projet, évalué à 4,6 millions d’euros, est assuré par des
fondations publiques et privées, des mécènes individuels et gouvernementaux.
Fondé à l’origine par des intellectuels de Vilnius en 1925, l’Institut
YIVO, qui s’est installé à New York en 1940, se donne pour but de préserver,
étudier et faire connaître la patrimoine culturel de la communauté juive en
Europe de l’Est, Allemagne et Russie, remontant au XVIIe siècle.

– ‘Jérusalem du Nord’ –

Les premiers Juifs s’établirent à Vilnius au XVIe siècle. A la veille de la
Seconde Guerre mondiale, leur communauté représentait un tiers de population
de la ville.
Attirant des intellectuels et des auteurs de langue yiddish, Vilnius devint
un centre culturel appelé souvent « Jérusalem du Nord ».
Mais plus de 90% des Juifs de Lituanie ont péri aux mains des nazis et de
leurs collaborateurs lituaniens entre 1941 et 1944, alors que l’Etat balte,
indépendant entre 1918 et 1940, était occupé par le IIIe Reich allemand.
Pendant la guerre, une partie des archives ont été transférées en
Allemagne. Retrouvées par l’armée américaine, elles furent transportés à New
York.
Ce qui est resté à Vilnius était destiné à la destruction lors d’une
campagne antisémite lancée par le dictateur soviétique Joseph Staline, après
que Moscou avait pris le contrôle des pays baltes en 1944.
Miraculeusement, la collection a été sauvée par un bibliothécaire lituanien
qui l’a cachée dans les sous-sols d’une église catholique, où elle est restée
à l’abri jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique.
« Vilnius était toujours une ville multiculturelle. Ce projet apporte une
contribution modeste à la justice historique », souligne Ramojus Kraujelis, le
chef des archivistes lituaniens.
Aujourd’hui, la communauté juive ne compte plus qu’environ 3.100 membres
dans ce pays de trois millions d’habitants, qui a rejoint l’Union européenne
et l’Otan en 2004.
La petite communauté compte célébrer cette année le 90e anniversaire de
l’Institut YIVO, indique à l’AFP Faina Kukliansky, la présidente de
l’association juive nationale.
« Le projet aidera les gens à découvrir le riche et unique patrimoine de la
langue, de la culture et de la littérature yiddish, et même de la cuisine
juive, en Lituanie et dans le monde », se félicite-t-elle.

Par Vaidotas Beniusis AFP – Israel-Actualites.com

 

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