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Un projet pour sauver la mer Morte provoque la colère des écologistes Par Ido Liven

JERUSALEM, 25 août 2013 (AFP) – Un projet destiné à déverser l’eau de la
mer Rouge dans la mer Morte menacée d’assèchement et permettant
d’approvisionner Israël, les Palestiniens et la Jordanie en eau désalinisée,
suscite la colère des écologistes mettant en avant ses conséquences néfastes
pour l’environnement.

Selon eux, le projet « mer Rouge-mer Morte » pourrait altérer de façon
durable l’écosystème unique de la mer Morte, point le plus bas de la planète
qui menace d’être totalement asséchée d’ici 2050.
Cette semaine à Amman, le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour a
annoncé que son gouvernement avait approuvé la construction d’une « première
phase » d’un projet chiffré à 980 millions de dollars et permettant de fournir
100 millions de mètres cubes d’eau par an à son pays.
Le projet prévoit de puiser l’eau de la mer Rouge à partir du golfe d’Aqaba
(sud de la Jordanie) avant d’être désalinisée dans une usine proche.
« L’eau désalinisée alimentera la ville d’Aqaba, et l’eau salée sera pompée
vers la mer Morte », a détaillé M. Nsour.
L’assèchement de la mer Morte a débuté dans les années 1960 en raison de
l’exploitation intensive des eaux du Jourdain, principal fleuve qui
l’alimente, mais aussi de la présence sur ses rivages de nombreux bassins
d’évaporation, utilisés pour l’extraction de minéraux précieux.
En conséquence, le niveau de la mer Morte, dont le littoral est partagé
entre la Jordanie, Israël et la Cisjordanie occupée, baisse d’environ un mètre
par an. Début juillet, son niveau était de 427,13 mètres en dessous du niveau
de la mer, soit près de 27 mètres de moins qu’en 1977, selon les dernières
données officielles israéliennes.
Avec le projet présenté par la Jordanie, la plupart de l’eau désalinisée
ira au royaume hachémite, et des quantités moindres seront transférées vers
Israël et l’Autorité palestinienne.
Mais l’ONG Friends of the Earth Middle East (FoEME) et d’autres
associations écologistes ont appelé les trois gouvernements à rejeter ce
projet, soulignant ses risques pour l’environnement.
Ecosystème fragile
Selon elles, le fait d’y déverser une trop grande quantité d’eau de la mer
Rouge pourrait radicalement modifier la composition chimique unique de la mer
Morte, formant des cristaux de gypse et introduisant des éclosions d’algues
rouges.
De plus, les nappes phréatiques de la vallée de l’Arava, dans le sud-est
d’Israël, pourraient être contaminées en cas de fuite des conduites
transportant l’eau salée.
Le ministère israélien de l’Environnement a émis des réserves demandant la
mise en place d’un projet pilote à petite échelle pour évaluer les risques.
Mais selon les détracteurs du projet, ce test à échelle réduite ne serait pas
à même de révéler la menace de l’ouvrage final pour l’ environnement.
Côté palestinien, le projet soulève des oppositions plus politiques,
l’Autorité palestinienne exigeant un accès élargi à la mer Morte afin d’y
développer ses propres projets en Cisjordanie, occupée par Israël.
« Nous aimerions avoir accès à la mer Morte, pas seulement pour avoir de
l’eau et nager dedans, mais aussi pour construire des hôtels et développer une
zone touristique », explique Shaddad Al-Attili, chef du Département de l’Eau au
sein de l’Autorité palestinienne, conscient de l’attrait touristique exercé
par le lac salé, dont les qualités thérapeutiques sont réputées.
La FoEME a appelé les gouvernements concernés à mettre plutôt en place une
combinaison de mesures comprenant recyclage et préservation de l’eau,
réhabilitation du Bas-Jourdain et même importation d’eau de Turquie, une des
trois options actuellement étudiées par la Banque mondiale pour diminuer le
coût financier et l’impact environnemental présentés par le projet « mer
Rouge-mer Morte ».
Le Premier ministre jordanien a cependant assuré que ce projet permettrait
d’approvisionner le nord de son territoire et le sud d’Israël, des régions qui
ont besoin d’eau. Le nord de la Jordanie est particulièrement concerné depuis
l’arrivée récente de 500.000 réfugiés syriens installés en grande majorité
dans la partie nord du royaume, selon Amman.
La Jordanie s’était initialement mise d’accord avec les Palestiniens et les
Israéliens pour construire conjointement un canal entre les deux mers.
Mais le « coût élevé » de cet ouvrage (11 milliards de dollars) a conduit la
Jordanie à opter pour le projet alternatif qui doit prendre forme dans le
golfe d’Aqaba, explique le ministre de l’eau jordanien, Hazem Nasser.
str-hmw/jjm/faa/cac

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