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A la morgue de Nairobi, le désespoir des familles des disparus du Westgate Par Helen VESPERINI

NAIROBI, 23 sept 2013 (AFP) – Les cadavres ensanglantés des deux hommes
gisent côte-à-côte sur une table d’acier: un chauffeur qui accompagnait une
famille, et un cadre de banque.
Pour de nombreuses familles angoissées, la quête désespérée d’un proche
disparu depuis l’attaque samedi d’un centre commercial de Nairobi par un
commando islamiste s’achève dramatiquement devant la morgue de la capitale.
« Nous avons reçu 38 corps, il n’en reste que 16 », les autres ayant été
récupérés par leurs familles, explique à l’AFP un responsable de cet institut
médico-légal, Sammy Nyongesa Jacob.
L’odeur de décomposition perce au travers des fenêtres entrouvertes, et
frappe au visage les visiteurs qui débarquent de leur véhicule sur le parking.
Incommodés, certains portent immédiatement la main à leur nez ou un mouchoir
de tissu.
Masque sur le visage et gants de latex, deux employés déposent une
dépouille dans une voiture corbillard noire, le coffre arrière grand ouvert.
« Nous avons couru d’hôpital en hôpital toute la journée d’hier. Nous sommes
ici aujourd’hui pour la levée du corps », glisse Alice, 63 ans, les yeux pleins
de tristesse.
Son mari, David Muthumbi Karechu, était manager dans une banque locale. « Je
ne savais pas où il était parti », raconte le fils aîné du couple, Zachary.

« Toute la nuit, nous l’avons cherché »

« En fin d’après-midi, maman m’a appelé pour me demander si j’avais de ses
nouvelles. C’est quand nous avons vu les informations qu’on a commencé à
réaliser que papa avait peut-être été pris au piège » au Westgate, le luxueux
centre commercial cible du commando islamiste.
Au moins 62 personnes, dont de nombreux étrangers, ont été tuées dans
l’attaque du Westgate, où dix à quinze assaillants étaient toujours retranchés
lundi à la mi-journée avec un nombre indéterminé d’otages, cernés par les
forces de sécurité kényanes.
Depuis lors, « toute la nuit, puis toute la journée de dimanche, nous
l’avons cherché ». Jusqu’à ce que la famille apprenne que le corps avait été
déposé ici.
« Nous essayons de faire face », confie Jane Mwigi, une autre membre de la
famille, tout en se retournant pudiquement pour retirer ses lunettes et
essuyer ses larmes.
« Vous sortez le matin, comme si de rien n’était, puis vous ne revenez
jamais plus… », médite tristement David Nyaboga, cadre de banque et collègue
du défunt, venu réconforter la famille.
Véhicule diplomatique

A quelques pas de là, toujours dans l’enceinte de la morgue, la famille
d’une autre victime se rassemble.
Chauffeur de maître, Wachiru était allé au Westgate « pour y accompagner la
famille de son boss », raconte Mark, son plus jeune enfant.
Ravagé par la douleur, son frère aîné est incapable de parler. Des amis
l’enlacent pour tenter de le réconforter. « Wachiru était aimé de tous », se
désole son oncle Njoroge.
« Tout le monde a été bouleversé par cette attaque », résume Sarah Mbone, une
sexagénaire en robe à fleurs, elle aussi à la recherche d’une proche disparue.
Le président kényan Uhuru « Kenyatta a perdu son neveu, comme moi, simple
personne, qui ai perdu ma nièce ».
Un véhicule aux plaques d’immatriculation diplomatiques débarque devant la
morgue, avec à son bord trois occupants à gilet fluo, visiblement les employés
d’une chancellerie occidentale.
Ils viennent remplir les formalités nécessaires au transport d’une victime
britannique, tuée dans l’attaque, comme de nombreux Occidentaux.
A l’entrée de la morgue, des vendeurs à la sauvette proposent aux familles
endeuillées des banderoles rouges, serpentins tragiques qui ornent
habituellement les minibus civils transportant les cercueils vers les
cimetières.
hv-hba/de

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