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A l’aéroport de Bangui, un camp de déplacés proche de la « catastrophe »

BANGUI, 12 déc 2013 (AFP) – Fuyant les violences de Bangui, environ 45.000
personnes s’entassent près de l’aéroport, cherchant la protection de l’armée
française, dans des conditions sanitaires proches de la « catastrophe » selon
les rares responsables humanitaires présents sur place.
Une petite fille fait ses besoins devant quatre latrines. Elle n’a pas eu
le courage d’attendre son tour. Les déplacés circulent par dizaines, certains
masquant leur visage pour tenter d’échapper aux odeurs, entre les roseaux ou
sur des petits chemins.
La nourriture manque, les points d’eau sont aussi rares que les toilettes,
dans ce camp improvisé accablé par la chaleur, autour de la base des
militaires français qui s’efforcent depuis lundi de désarmer les milices
responsables de multiples exactions dans la capitale centrafricaine.
« C’est un peu la catastrophe. C’est le bordel », résume Tessy Fautsch de
Médecins sans Frontières, la seule ONG présente sur le camp, qui s’inquiète du
« risque d’épidémie ». Les agences de l’ONU estiment à 110.000 au total le
nombre de déplacés dans la trentaine de camps de Bangui, à la population
d’environ 800.000 personnes.

Sous des ailes d’épaves d’avion
Les femmes s’occupent comme elles peuvent de leurs enfants, souvent en bas
âge, pendant que les hommes sont partis chercher de la nourriture. Maximine
Touabet, 27 ans, s’inquiète pour ses deux jumeaux d’un peu plus d’un an. « On
vit à une quinzaine ici » sous une toile de fortune de quelques mètres carré.
« On n’a pas rien à manger. On n’a pas d’eau. C’est dur. (…) On dort par
terre », raconte-t-elle.
Un peu plus loin, des familles se sont installées sous des ailes d’épaves
d’avion. « On vit comme des moins que rien. Pas d’eau, pas de vivres, pas de
latrines, par terre… Il fait très chaud, mais s’il pleut ce sera la boue »,
relève Seraphin Poumali.
Marie Deio et Anita Omboudou, voisines du quartier de Yangatou, situé à
moins de deux km de l’aéroport, ont planté leurs affaires l’une à côté de
l’autre. Une pléthore d’enfants sont là. « Ils meurent de faim », dit la
première. « On a fui les violences. Les balles passaient partout. (…)On
attend un nouvel ordre pour revenir. On a encore peur. Ici, ce n’est pas bien
mais on est en sécurité ».
« On a vidé les quartiers pour venir ici près des Français », renchérit Jean
Menga, 53 ans, quatre enfants, dont un bébé d’un an. Le camp est peuplé dans
son écrasante majorité de Chrétiens fuyant les violences des anciens rebelles
Séléka, musulmans.
La hantise des Séléka
A l’entrée du camp, une quinzaine de jeunes, armés de machettes et de
bâtons, fouillent les nouveaux venus. « Des Séléka envoient des espions ou des
gens avec des grenades. On a arrêté une femme qui avait des grenades dans ses
casseroles. Ils veulent nous tuer », affirme Firmin Mandebalay.
La vie au camp s’organise. Des boutiques improvisées vendent des arachides,
des pommes de terre. Un homme se propose de charger les téléphones portables
via un petit groupe électrogène pour 100 F CFA (15 centimes d’euro) les deux
heures.
Judas Paterno sue quant à lui à grosse gouttes: il porte une encadrure de
fenêtre prise sur les boutiques pillées, qu’il va casser en petit bois avec
l’espoir d’en tirer 1.000 francs (1,5 euros). « De quoi manger », dit-il.
A un des deux points d’eau, des volontaires de la Croix rouge organisent
les queues. Une pour boire, une autre pour les bassines. « On est obligé de
surveiller. Sinon on nous volerait les robinets », confie un de ces
volontaires, Arnaud Yakete.
MSF a installé un hôpital de fortune, loin de pouvoir satisfaire les
besoins. Seuls sont acceptés les femmes enceintes, les bébés et les blessés,
souvent atteints par une balle perdue. 300 personnes par jour sont traitées, à
condition de faire la queue de longues heures.
Une quinzaine de femmes enceintes attendent d’être vues par un médecin. Six
enfants sont nés dans les dernières 24 heures. Une jeune maman présente son
nouveau-né qui frôle les 40 degrés de fièvre. L’enfant est né mardi, lors de
la brève visite du président français François Hollande à l’aéroport.
L’enfant, qui sera baptisé dans quelques jours, se nommera François Hollande
Findiro.
pgf/bb/sba

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