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Prise d’otage de l’Hyper Cacher: une plainte vise les médias et leur couverture

Paris, 3 avr 2015 (AFP) – Des médias ont-ils mis en danger la vie de
personnes cachées dans l’Hyper Cacher par leur couverture de la prise d’otages
? C’est la thèse soutenue par l’avocat de six d’entre elles, qui a porté
plainte.
Dans cette plainte contre X dont l’AFP a eu connaissance et déposée le 27
mars selon Me Patrick Klugman, les six plaignants reprochent en particulier à
la chaîne privée d’information continue BFMTV d’avoir révélé pendant la prise
d’otages que des clients étaient dissimulés dans la chambre froide de l’Hyper
Cacher.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, a indiqué vendredi
une source judiciaire.
Amédy Coulibaly, l’un des trois jihadistes ayant mené les attentats de
Paris, avait tué trois clients et un employé juifs dans le supermarché, ainsi
qu’une policière municipale la veille.
Lors de la prise d’otages, la vie de ses clients « aurait été exposée si
Coulibaly avait eu connaissance en temps réel de l’information diffusée par
BFMTV », deux heures avant l’assaut, sur le fait qu’ils étaient dissimulés dans
la chambre froide, a notamment dénoncé Me Klugman.
« Sur l’histoire de l’Hyper Cacher, on a reconnu très vite que la phrase de
l’un de nos journalistes (…) sur la présence d’une otage dans la chambre
froide était inopportune, que c’était une erreur », a commenté, le 26 mars,
Hervé Béroud, directeur de l’information de BFMTV.
En février, il avait affirmé que le journaliste n’avait donné l’information
sur l’otage caché qu’après un contact avec une personne du RAID, l’unité
d’élite d’intervention de la police. Ce dernier lui aurait assuré que l’otage
n’était plus en danger car les forces d’intervention avaient pris position
près de la chambre froide.
La chaîne d’information continue n’avait pas réagi vendredi après-midi à
l’annonce de la plainte.

– Méthodes de travail ‘pousse-au-crime’ –

BFMTV n’est pas la seule visée par cette plainte.
« De nombreux autres médias manquaient aux règles les plus élémentaires de
prudence, d’une part en retransmettant en direct l’évolution des opérations
des forces de l’ordre et d’autre part » en annonçant que l’assaut était donné
en Seine-et-Marne (région parisienne) contre les autres auteurs des attentats,
les frères Kouachi, alors que Coulibaly retenait des otages à Paris, selon les
plaignants.
Les plaignants s’appuient notamment sur des communiqués du gendarme de
l’audiovisuel, le CSA, qui, le 11 février, avait adressé à 16 médias 21 mises
en demeure.
« Les méthodes de travail des médias en temps réel dans ce genre de
situation sont des pousse-au-crime », a dénoncé auprès de l’AFP Me Klugman. Ses
clients relèvent que Coulibaly « suivait l’évolution des informations sur
différentes chaînes, dont BFMTV », et qu’il avait été en contact avec des
journalistes de la chaîne.
La mise en danger de la vie d’autrui est passible d’un an de prison et
15.000 euros d’amende.
Elle implique une « violation manifestement délibérée d’une obligation
particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement ».
« La question est de savoir qui est responsable de ce délit ? La personne
morale ? La direction de l’information ? Le journaliste ? », s’interroge Me
Klugman. « Il n’y a que devant un tribunal que le délit pourra être réparé »;
Pour plusieurs avocats spécialistes du droit de la presse, il n’existe pas
de précédent à cette action.
« C’est une qualification juridique tout à fait contestable », estime Me
Christophe Bigot, soulignant que, « par définition, un journaliste n’a pas
d’obligation de prudence ou de sécurité ».
Il s’agit, pour lui, d’une « posture pour donner aux faits une portée (…)
excessive par rapport à la réalité ».
L’avocat estime que l’affaire ne peut se poser que dans un cadre
déontologique, comme celui du CSA, soit devant une juridiction civile, et non
pénale, une partie réclamant à l’autre des dommages et intérêts.
Par ailleurs, une autre enquête a été ouverte, le 30 janvier, en lien avec
la divulgation le soir du 7 janvier sur un compte Twitter, des noms de trois
personnes recherchées par la police après les attentats commis au siège de
Charlie Hebdo, dont les frères Kouachi.
tu-ng-arb/mra/phc

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