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Israël: polémique entre artistes et gouvernement sur la liberté d’expression

Les déclarations de ministres et d’artistes ainsi que des oeuvres controversées mettent le feu aux poudres

Des centaines d’artistes israéliens ont participé dimanche soir à une rèunion d’urgence pour débattre des dernières déclarations des ministres de l’education et de la Culture.

Plusieurs dizaines d’artistes ont signé une pétition intitulée la « Liste noire ».

« Nous, artistes, metteurs en scène, écrivains, acteurs, musiciens, chorégraphes et danseurs, réalisateurs, producteurs, hommes et femmes de culture, protestons contre les initiatives antidémocratiques prises ces dernières semaines par les ministres de la Culture et de l’Education contre les artistes et les personnalités culturelles dont les positions et l’oeuvre ne correspondent pas avec les vues de ces ministres. Nous souhaitons vous dire que nous continuerons à faire face à la réalité, à exprimer nos opinions et à obéir à notre conscience, même si vous exigez que nous en payons le prix ».

Les signataires de la pétition, dont les acteurs Gila Almagor, Moni Moshonov, Ran danker et Keren Mor ainsi que le danseur et chorégraphe Ohad Naharin, ont ajouté ne pas craindre d’exprimer leur opinion.

Ce rassemblement exceptionnel faisait suite aux déclarations la semaine dernière de la ministre de la Culture Miri Regev (Likoud) et du ministre de l’Education Naftali Bennett (Foyer juif) qui menaçaient le financement public de deux théâtres arabes israéliens, accordant leur faveur aux artistes faisant montre de plus de patriotisme.

Le refus d’un acteur arabe israélien, Norman Issa, de jouer dans les implantations israéliennes de Cisjordanie avait fait l’objet d’une polémique et la ministre de la Culture Miri Regev a fait part de son intention de couper les fonds publics de son théâtre judéo-arabe pour enfants.

Le producteur et acteur Oded Kotler a causé un scandale dimanche soir, interpellant la ministre Regev et traitant les électeurs du parti Likoud de Benyamin Netanyahou d’être un « troupeau de bovins ».

« Imaginez, Mme Regev, votre monde tranquille, sans livres, sans musique, un monde où personne n’interfère, où personne ne dérange la nation qui célèbre 30 sièges (ceux du Likoud, ndlr) suivis par un troupeau de bovins en attente de paille et grignotant du foin », a déclaré Oded Kotler sous les applaudissements d’une partie de la salle, mais laissant néanmoins de nombreux participants avec un sentiment de gêne.

Shelly Yachimovitch, n°3 du parti de centre-gauche Union Sioniste, a réagi un peu plus tard, affirmant que « le bovin, en l’occurrence, c’est Oded Kotler lui même, car on n’insulte pas les électeurs d’un parti qui rassemble 30 députés ».

Oded Kotler a tenté un peu plus tard de s’excuser, arguant qu’il s’incluait dans les « bovins » et qu’il n’avait pas voulu pointer seulement les électeurs du Likoud.

Miri Regev a réagi également sur sa page Facebook, estimant que cette déclaration montrait le vrai visage de l’obscurantisme culturel.

Il y a quelques jours, au cours d’une réunion avec des personnalités du monde de la culture, Miri Regev avait déclaré qu’elle avait le contrôle personnel des budgets alloués aux arts, à la culture et au sport, ayant le soutien de 30 mandats (ceux du Likoud, ndlr) à la Knesset.

« Le gouvernement n’est pas obligé de soutenir la culture, je peux décider d’où va l’argent. Les artistes ne m’imposeront pas leur diktat », affirmait la ministre de la Culture et des Sports.

Le célèbre écrivain David Grossman a critiqué cette prise de position dimanche.

« Je pense que le ministre Regev est dans une trajectoire de collision depuis le premier jour de son mandat. Je ne pense pas qu’elle change sa position. En fin de compte elle représente les vues de ceux pour qui le judaïsme et l’israélisme sont au centre de leur vie et qui veulent y rester. Et puis il y a ceux qui, comme c’est mon cas, veulent aller à la rencontre du monde… Le danger est que si nous gardons ce cap, l’isolement dans le monde va s’accentuer et Israël ne sera plus qu’une secte militante, fondamentaliste, enfermée à la marge de l’Histoire », a déclaré Grossman qui a conclu: « Mettre un frein à la liberté et l’expression artistiques constitue un profond danger pour le principe même de la démocratie et une réticence à accepter que la démocratie fait parfois mal ».

Une illustration de cette liberté « qui fait mal » s’est déroulée justement dimanche soir au cours d’un débat chauffé à blanc lorsque Ortal Tamam, la nièce d’un soldat israélien assassiné par un terroriste en 1984, est montée sur scène et a évoqué la pièce « Temps parallèle » inspirée par la vie de l’assassin de son oncle.

Il y aune semaine, le ministre de l’Education Naftali Bennett a décider d’annuler les subsides de l’Etat pour cette pièce.

Ortal Tammam a déclaré que cette pièce humanise le tueur et est une agression envers sa famille. L’intervention d’Ortal a été chahutée par l’assemblée et la jeune femme a quitté la scène en larmes.

Le célèbre acteur Moshé Ivgy a soutenu partiellement la position d’Ortal tammam. « Si quelque chose met en danger l’Etat et nuit aux principes de la démocratie, alors l’Etat ne doit pas venir en aide. Mais c’est là qu’est la limite. L’Etat ne doit pas, et ce n’est pas son rôle, être un commissaire et ne doit pas, par principe, intervenir dans la culture »; a dit Ivgy.

Une autre polémique culturelle a également surgi avec l’annonce par Miri Regev de revoir le financement public du Festival international du film de Jérusalem après avoir découvert qu’il incluait un documentaire montrant le côté « doux » de Yigal Amir, l’assassin du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin.

Selon Noah Rothman, la petit-fille du Premier ministre assassiné, « toute personne pour qui la démocratie est chère devrait craindre cette exploitation cynique de la liberté de parole »

Source: i24news

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